Hier, c’était à qui annonçait une étape décisive dans la lutte contre le terrorisme. La prise d’une petite racaille, moins suicidaire que les autres, devenait un événement commenté par toutes les autorités et sur tous les médias. Son avocat lui-même, chevalier du droit, face à la police, devenait une vedette. L’arrestation sans bavure par les policiers belges avait sans doute empêché des attentats et permettrait un torrent d’informations. D’autre suspects avaient, comme par hasard, été identifiés afin que le rassurant feuilleton sécuritaire puisse se dérouler. Patatras ! Les attentats ont bien eu lieu, plus vite et plus fort que prévu ! Comme précédemment, la police belge n’a rien vu venir. Ou les explosions de l’aéroport et du métro étaient prévues depuis longtemps, ou elles sont une réaction rapide à l’arrestation de Salah Abdeslam. Dans le premier cas, cela montrerait un degré d’organisation et une importance du réseau dont le danger n’avait pas été évalué. Dans le second, la détermination et la souplesse dans l’exécution des islamistes seraient terrifiantes. Reste à savoir si le kamikaze avorté de
Paris était au courant. Qu’il s’agisse du même réseau ou d’un autre, le nombre et la banalité des terroristes potentiels font froid dans le dos. Les propos du Président de la République ont été, plus que d’habitude encore, d’une mollesse et d’une vacuité désespérantes. Il a parlé de lucidité et de détermination. Son Premier Ministre a évoqué la guerre. Qu’est-ce que cette lucidité qui ne prévoit rien ? Qu’est-ce que cette détermination qui laisse Raqqah et Mossoul aux mains de l’Etat islamique, la base arrière des terroristes ? Qu’est-ce que cette guerre qu’on fait semblant de mener tout en copinant avec l’Arabie saoudite et la Turquie qui sont l’une, le foyer idéologique du djihadisme, l’autre, le soutien logistique de la rébellion syrienne. Nos gouvernants ne sont pas complices. Ils sont coupables ! Plus de trente morts, une fois encore. La solidarité avec leurs familles n’appelle ni pleurs ni compassion rituelle. Elle réclame une réaction implacable.
Sur un point, Hollande a raison : c’est l’Europe qui est visée dans sa tête monstrueuse et vide, sa tête monstrueusement vide, à Bruxelles au coeur de cet Etat qui n’en est plus vraiment un, la Belgique, anticipation de la déconstruction et de la démoralisation des Nations européennes. La technocratie bruxelloise et son idéologie mondialiste ont fait du continent qui, il y a un siècle, dominait le monde et était à la pointe de l’humanité, le second, même pas brillant, des Etats-Unis : une collection d’Etats dont la puissance diminue à mesure qu’elle intègre de nouveaux membres. Incapable de renouveler sa population, elle s’ouvre à une immigration irréfléchie. Réunissant des armées aux moyens colossaux, elle répugne à faire la guerre, à défendre ses frontières. Elle négocie avec la Turquie la possibilité de renvoyer les migrants non syriens. Elle est dans l’incapacité d’identifier parmi les réfugiés ceux qui pourraient être des terroristes. L’accroissement de la population immigrée, son mode de regroupement vont multiplier dans certains quartiers, à travers des familles, des réseaux d’origine et d’amitiés, des solidarités qui naturellement vont protéger les djihadistes. En revanche, la généralisation du risque va contraindre les Etats à des efforts en matière de sécurité, en déploiement d’effectifs, en surcharge de travail, qui rencontreront les obstacles de l’inefficacité et de la saturation. Le nombre potentiel des groupes salafistes, l’étendue infinie de leurs cibles rendent la protection illusoire. Il faut attaquer le mal à la racine.
Détruire l’Etat islamique par tous les moyens, en coordination avec l’Etat syrien et la Russie, fermer les frontières à une immigration musulmane trop importante et statistiquement dangereuse, contrôler davantage les immigrés et renvoyer systématiquement les clandestins, faire mieux connaître les risques d’une religion, qui peut être vécue sereinement, mais recèle dans ses textes une violence qu’il est irresponsable de minimiser : telles sont les politiques à mettre en oeuvre. Qui imagine que des Merkel ou des Hollande puissent les prendre ? La mise en place d’un PNR (Passenger Name Record, un fichier regroupant les données des passagers aériens) européen a été bloquée pendant sept ans par l’impuissance des institutions européennes, et elle est encore actuellement freinée malgré son agrément en commission. L’Europe a besoin d’un changement radical de cap et de capitaines !
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