La chasse au Fillon bat son plein. Déçus que leur candidat de prédilection ait été écrasé à l’élection primaire, mais surtout furieux que le candidat de droite ne soit pas de gauche, les médias sont déchaînés. Avant même que des sondages ne confirment effectivement un recul de François Fillon, le harcèlement ne s’interrompt pas, exigeant clairement du candidat qu’il revienne sur son programme. Autrement dit, les médias somment Fillon de faire du Chirac, dont la devise était que les promesses n’engageaient que ceux qui les écoutaient.
Les journalistes se font les relais, évidemment, de la gauche Terra Nova, dont ils sont le premier pourvoyeur de suffrages, mais aussi, hélas, de cette fausse droite qui, d’une part, a cessé de réfléchir depuis longtemps, et d’autre part, n’est pas moins prisonnière que la gauche, de la puissance publique. Il n’est pas indifférent que François Fillon soit entouré de plusieurs dirigeants d’entreprise, de cadres du privé, et que son programme de campagne ait été alimenté depuis des mois par des citoyens de toutes conditions. C’est cela qui a fait que, bien avant la primaire, l’unanimité s’était faite sur la qualité de son programme.
Aujourd’hui, François Fillon est à la croisée des chemins. Soit il considère avoir besoin de toute la technostructure encore largement polluée par le chiraquisme et il court à l’échec. Soit il poursuit sa route, et il gagnera haut la main, nous débarrassant même de Marine Le Pen après nous avoir débarrassés de Juppé qu’elle souhaitait pour adversaire, de Sarkozy que Hollande espérait affronter, et de celui-ci qui a renoncé au combat faute de ce combattant-là.
Soyons clairs : que la gauche soit furieuse, c’est normal. Son acception de la démocratie et de la liberté est toujours celle de Saint-Just : « Pas de liberté pour les ennemis de la liberté », étant bien entendu que c’est elle qui désigne les amis ou les ennemis de la liberté. Le problème est que le chiraquisme qui pourrit la droite française depuis août 1976, se soit docilement aligné. C’est la raison du cordon sanitaire qu’on a installé autour du Front national pour, prétendument, le combattre. Loin de reculer, le Front national n’a cessé de prospérer, évidemment parce que les électeurs en ont assez d’une prétendue droite pusillanime qui, comme disait Mark Twain, reprend les idées de la gauche quand celle-ci les a usées. C’est au nom de cette hypocrisie suprême, fertilisée par une technostructure endogame, que, systématiquement, lorsque la non-gauche, arrive au pouvoir, elle choisit de se garantir l’échec à l’échéance électorale suivante plutôt que de tenter le succès en appliquant simplement le programme que réclament ses électeurs.
Ainsi que l’a très bien expliqué Charles Gave (cf. vidéo ci contre), dans la dernière livraison de Valeurs Actuelles, Raymond Barre a été le dernier homme d’État à gouverner la France. Au long des cinq années qu’il a passées à Matignon, il n’a été guidé que par l’intérêt général. Avec succès : à l’approche des élections législatives de 1978 à l’issue desquelles Mitterrand se voyait déjà à Matignon, il n’a pas, fort du soutien du Président de la République d’alors, Valéry Giscard d’Estaing, cédé à la moindre facilité. Il a poursuivi sa politique de redressement et a gagné largement les élections. Ce fut la dernière fois qu’une majorité parlementaire sortante fut reconduite. Le succès de 2007 fut enregistré dans des circonstances exceptionnelles et malgré un second tour désastreux.
N’en déplaise à Nicolas Sarkozy qui n’avait pas hésité à s’exclamer, il y a plus de deux ans, que François Fillon n’avait aucune chance d’être élu avec le programme qu’il esquissait, c’est bien grâce à son programme, et non en dépit de lui, qu’il a été désigné massivement par ses futurs électeurs. Sarkozy s’était alors clairement auto-qualifié de démagogue ; on n’est jamais si bien servi que par soi-même.
Aujourd’hui, les affidés de Chirac qui n’ont eu de cesse d’abaisser la France, activent avec fébrilité tous leurs réseaux médiatiques pour faire reculer François Fillon. Et s’il ne recule pas, ils parviennent à le faire croire. Quiconque a lu, de bonne foi, la tribune signée François Fillon dans Le Figaro, a pu constater que son projet de remise en ordre du tonneau des Danaïdes de la protection sociale française, n’avait nullement été édulcoré. La perversité des vaincus de la primaire est telle qu’ils tiennent le raisonnement suivant : les soutiens de François Fillon se détourneront de lui à mesure qu’ils se rendront compte qu’il ne tiendra pas sa ligne. Et quand les sondages seront en berne, ces malfaisants qui ont réussi à perdre la primaire, viendront expliquer que la présidentielle se gagne au centre. Leur arme, la peur : la phobocratie fera se lever les armées de profiteurs du système que les politiques menées depuis 1981 ont fait croître et se multiplier pour porter un Fillon décati à l’Élysée ou, mieux encore, un Macron qui est davantage de leur monde.
Même un journaliste de gauche comme Nicolas Domenach a reconnu être stupéfait que « Fillon ait été contraint d’entrer aussi vite dans le dur ». C’est effectivement ahurissant mais la capacité de nuisance des tenants de la fausse droite française est infinie. François Fillon ne doit avoir qu’une seule préoccupation : poursuivre son bonhomme de chemin et, surtout, n’essayer de retenir aucun des nuisibles qui voudraient le faire dévier. S’ils veulent aller chez Macron, qu’ils y aillent ! ils ne pèsent rien de plus que leur capacité de nuisance. Qu’ils l’exercent au détriment de Macron si ça leur chante. Pas de la France qui mérite mieux qu’eux !
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