La coïncidence est si parfaite qu’évidemment, elle n’en est pas une. Le 6 avril 2016, Emmanuel Macron, ministre de l’Économie, lançait un mouvement qu’avec l’infinie modestie qui le caractérise, il intitula de ses propres initiales En Marche. Instantanément, le chœur des médias s’enthousiasma pour le jeune ambitieux, même pas quadragénaire, qui promettait de bousculer les codes, de rassembler les meilleures volontés, voire, toujours la modestie, les meilleurs tout court, qu’ils proviennent de la gauche, de la droite, du milieu, pour construire un monde nouveau. S’ensuivit une propagande inouïe, dont vingt-huit couvertures de Paris Match, plus d’une sur deux en un an, pour remporter une présidentielle simultanément sabotée par le parquet national financier.
Cinq ans plus tard, pratiquement jour pour jour, la propagande se déchaîne. Sous prétexte de publication d’un livre, Édouard Philippe, congédié de Matignon depuis moins d’un, sature la Semaine Sainte, paré de toutes les qualités prétendument propres à séduire à gauche, à droite, au milieu. Sondages à l’appui, on nous affirme qu’il bénéficie d’une excellente image. Luc Ferry, ancien Ministre, refusant de tomber dans le piège, lui, balaie la combine sans s’embarrasser de précautions oratoires. « Édouard Philippe a été le plus mauvais Premier ministre de la Ve République ». à l’appui de cette exécution en règle, sa responsabilité directe d’avoir fabriqué le mouvement des Gilets Jaunes par sa lubie d’une limitation de vitesse grotesque à 80 km/h, et dans l’abandon de la réforme, pourtant indispensable, des retraites pour avoir, à tout prix, voulu imposer un soi-disant “âge-pivot” de fin d’activité qui n’a, effectivement, aucun sens dans le cas d’une retraite par points. Il faut, naturellement, y ajouter la séquestration impitoyable du printemps 2020 qui, non seulement, a ruiné le pays pour des décennies mais a anéanti le peuple français qui ne semble plus pouvoir sortir de son asthénie. La dictature qui perdure a été instaurée il y a un an par Édouard Philippe et personne d’autre.
Considérant, sûrement à raison, que la seule chance d’élection de Marine Le Pen est de se trouver confrontée à Macron, les médias lancent donc leur ballon d’essai pour trouver, à tout prix, un candidat apte à perpétuer la seule politique acceptable à leurs yeux, celle des “progressistes”. Mais pour que la manipulation fonctionne, elle doit aussi être une intoxication. L’opinion n’a jamais été aussi à droite, elle demande de la sécurité et de l’ordre. Il faut donc perpétuer le macronisme tout en faisant croire qu’il y aura une alternance à droite. Philippe a été suffisamment rusé pour ne pas adhérer à En Marche, contrairement à un Bruno Le Maire, par exemple, qui n’a jamais brillé par sa subtilité. Un certain nombre de responsables des Républicains ne demandent pas mieux que de se garantir des maroquins futurs en se ralliant au nouveau favori des médias. La droite française, en tout cas ses électeurs, est prévenue. Si elle ne veut pas se faire imposer un Hollande troisième saison, elle doit se réveiller et pas en prétendant introniser des succédanés de Macron, type Bertrand ou Pécresse.
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