« Pousser trop loin le bouchon », c’est exactement ce que vient de faire au propre et au figuré le ministre de l’Intérieur. 400 km de bouchons autour de Paris accentués par des contrôles massifs et des verbalisations intempestives qui ont fait des automobilistes pris au piège les victimes d’une nasse dénuée de la moindre raison logique, qui a manifestement fait jouir l’occupant de la place Beauvau. Il y a un couvre-feu à 18h destiné à empêcher les réunions vespérales empreintes de chaleur humaine, cette sociabilité devenue désormais criminelle. Soit ! Mais cette règle doit-elle être appliquée de la même manière dans une ville moyenne sans encombrement, dans un village où la solitude est plus fréquente que les agapes du soir, et dans une conurbation où le week-end est synonyme de détente et d’une prise d’air salutaire. Les journées électorales font intelligemment la différence. Non ! Tout le monde à la toise : le parisien qui veut rentrer se retrouve à 16 h devant un péage à moitié fermé, et son destin est marqué. Il sera coincé dans un bouchon à 18h, un policier le contrôlera, et le taxera. On cherche en vain les motifs de cet acharnement débile. Entre 16h et son retour à domicile, l’automobiliste dans sa voiture n’aura contaminé personne, et n’aura pas été contaminé, mais il aura été verbalisé. Et avec une joie sadique le ministre de l’Intérieur se vantera du nombre des contrôles, de l’imposant déploiement du dispositif policier pour traquer les transgresseurs involontaires d’une règle dont on n’est même pas sûr qu’elle ait la moindre utilité contre la circulation du virus, encore moins dans une automobile fermée qu’ailleurs. Il ajoutera sans prendre conscience de l’énormité du propos que l’automobiliste piégé aura beaucoup de chances d’être contrôlé et verbalisé. Non, ce n’est pas une chance, mais un risque, que les contrôles en ralentissant la circulation auront accentué. Cette sévérité, cette rigueur à l’encontre du Français moyen, la jouissance manifeste que le pouvoir en ressent ne sont pas seulement inconvenantes, elles sont scandaleuses. L’Etat n’est pas là pour jouer les garde-chiourmes. Il n’a pas le droit de traiter les Français comme des gosses indisciplinés alors qu’ils ont été particulièrement soumis aux règles fluctuantes qui leur ont été imposées depuis un an dans ce pays que la presse allemande appelle l’Absurdistan. L’Etat a pour but de les protéger, non de les punir inutilement. Lorsque Claude Guéant avait voulu multiplier les radars, nous avions, parlementaires de la majorité de l’époque, persuadé le ministre qu’il était préférable de prévenir plutôt que de punir par surprise, en traître. Les radars indiquant la vitesse avaient donc fleuri, traitant les citoyens en responsables.
Que penser de l’absurdité qui consiste à concentrer les policiers pour accentuer un problème plutôt que de le résoudre, par exemple en leur faisant organiser le passage au péage. Puisque la devise « quoiqu’il en coûte » est devenue le mantra présidentiel, il serait préférable d’indemniser les sociétés autoroutières plutôt que de taxer leurs clients. Mais à la cour du roi Pétaud et de ses ministres, une mesure n’a de prix que si elle défie le bon sens, que si elle va résolument à l’encontre du bien commun. Pendant que les policiers ralentissent le retour des Français à leur domicile après une rare bouffée d’air, il n’y a pas de policiers ni de gendarmes pour empêcher que des migrants illégaux franchissent nos frontières. Certes, après un an d’aveuglement, le gouvernement a enfin admis que le virus circulait bien sur quelqu’un, et que celui-ci avait besoin d’un passeport, évidence que notre génial Conducteur repoussait avec mépris. On va donc contrôler les frontières pour le Covid, mais pas pour les clandestins, comme celui qui a tué à Nice. La loi est la loi : pourquoi cette différence d’intérêt ? Mais parce que l’immigration clandestine n’est pas une priorité du gouvernement, parce que ce dernier est favorable aux migrants illégaux ou non ! La preuve ? Le ministre de l’Intérieur, celui qui jubile de taxer les automobilistes, vient d’annoncer qu’il envisageait la dissolution de Génération Identitaire. Le crime de ce mouvement ? Sans la moindre violence, il manifeste symboliquement, dernièrement au passage d’un col des Pyrénées, contre la porte ouverte aux migrants en l’absence de toute présence policière. Ce serait une incitation à la haine raciale ? Non, simplement une incitation à ce que le pouvoir respecte et fasse respecter la loi.
Un gouvernement qui s’acharne contre les citoyens, et qui sévit contre ceux qui appellent l’Etat à remplir son devoir en contrôlant les frontières, comment le qualifier ? On hésite entre la stupidité et la trahison. Comment des Français qui se pensent de droite peuvent-ils cautionner, ne serait-ce que par leur silence, le pouvoir qu’ils subissent actuellement ?
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