Par Christian Vanneste, Président de La Droite Libre
Lors de ses voeux du 31 décembre, M. Hollande avait parlé gravement de l’état d’urgence économique et social de notre pays. C’était une formule de transition entre la situation exceptionnelle que le terrorisme fait subir à la France et celle, calamiteuse, qu’elle connaît pour l’économie et l’emploi. Le 18 Janvier, le Président a récidivé devant les « acteurs de l’entreprise et de l’emploi » en présentant un plan d’urgence pour l’emploi. On ne peut qu’être surpris par cette urgence. Le
mot est extravagant après presque quatre ans de pouvoir et d’une courbe du chômage qui n’a cessé de grimper alors qu’elle s’inversait dans tous les pays comparables. On comprend le souci de l’exécutif de montrer qu’il applique aux difficultés rencontrées la même détermination tendue. En un an, on ne peut pas prétendre que cette résolution ait porté des fruits face aux islamistes. Mais devant les mauvais résultats de l’économie, qui perdurent après avoir été aggravés par un contre-sens politique initial, la prétendue urgence revêt une indécence ressentie par tous ceux qui pensent avec lucidité que le chef de l’Etat les prend vraiment pour des imbéciles. Les mots et les mesures sont ceux d’un politicien qui navigue à vue, qui gère sa communication sans penser vraiment à résoudre les problèmes de la nation. Il a commencé par fustiger les riches puisqu’il était l’élu du peuple de gauche. Il a augmenté les impôts afin d’accentuer la justice de redistribution. Il a flatté ses soutiens électoraux en instaurant l’absurde mariage unisexe. Puis la courbe de sa popularité suivant le cours inverse de celle du chômage, il a lancé le CICE, et le pacte de responsabilité avec le peu de succès que l’on voit. Aujourd’hui, après quatre ans, on serait donc dans l’urgence. En fait, il n’y en a qu’une : la fin du mandat approche, et celle de l’élection présidentielle. Les Français sont assez idiots, pense-t-il pour se fier à quelques bons chiffres bien diffusés dans la dernière ligne droite pour le réélire pour peu que la droite soit divisée au premier tour et que le second tour le place face au FN. Il s’agit donc du plan d’urgence pour Hollande et de rien d’autre.
> Hérétique et relaps, le voilà une fois de plus coupable de donner à croire aux Français que c’est l’Etat qui crée les emplois, que ce sont les primes allouées aux entreprises qui vont convaincre celles-ci d’embaucher, et que c’est la formation qui va créer des postes de travail. Deux fois 2000 euros par salarié recruté entre 1 et 1,3 Smic par une entreprise de moins de 250 emplois vont coûter deux milliards à l’Etat. Mais, rassurez-vous : ils seront financés par des économies. Cela signifie deux choses : d’abord que la dépense publique pouvait donc baisser de deux milliards et ensuite qu’elle ne le fait pas. Quand la gauche comprendra-telle que les chefs d’entreprise ne sont pas des chasseurs de prime, qu’ils ont autre chose à faire qu’à jongler avec les seuils et les formulaires, et qu’ils embauchent quand l’activité le nécessite parce que le marché est positif et que la compétitivité y ouvre des perspectives ? Celles-ci peuvent se refermer, et l’emploi créé ne doit pas alors être pénalisant. Autrement dit, la baisse de la dépense publique, celle des impôts et des charges, la simplification juridique, administrative et fiscale, la flexibilité du travail sont les meilleurs moyens de créer de la croissance et de l’emploi, à condition de former un ensemble cohérent et dynamique et non un montage confus et complexe constamment révisé. Les pays qui ont visé ces priorités se portent mieux que le nôtre. Ce n’est pas en intervenant dans une urgence étrangement tardive que l’Etat peut être le plus efficace, mais en se retirant et en se consacrant à son vrai métier, la sécurité par exemple. La formation doit être décentralisée au niveau des régions. L’Etat devrait plutôt se concentrer dans la recherche pour les domaines qui représentent un intérêt vital pour le pays.
> Le mot « urgence » fait inévitablement penser à médecine. On retrouve la comparaison classique entre le médecin et le politique qui soigne la Cité. Il y a le bon docteur, celui qui guérit de la maladie, et puis il y a le marchand de fards et d’onguents, celui qui se contente d’en effacer les traces et les symptômes. Lorsqu’on entend les uns et les autres parler de l’inversion de la courbe du chômage à coups de primes, d’emplois aidés et de formations destinées à diminuer la file d’attente à Pôle Emploi, on pense à celui qui s’évertuerait à redonner des couleurs ou à faire baisser la température sans traiter la maladie de son patient. Celui qui trafique les chiffres sans restaurer la santé économique du pays lui ressemble à s’y tromper, à nous tromper..
Partagez avec vos amis