Les fossoyeurs de la France ont trouvé en Bernard Cazeneuve, leur digne porte-parole. Ils furent 305, y compris les soi-disant frondeurs. Ces 305 députés ont voté la confiance à un Premier ministre expliquant que ses prédécesseurs et lui-même n’avaient rigoureusement rien fait cinq ans durant, et que désormais, l’ennemi à abattre était celui que les électeurs de l’opposition avaient désigné pour réparer les dégâts commis.
Bernard Cazeneuve qui s’est rendu compte que personne ne se souciait de le savoir intronisé Premier ministre, veut marquer de son empreinte son passage éclair à Matignon. C’est réussi. Il aura été le seul chef de gouvernement de l’histoire à avoir, en guise de déclaration de politique générale, rigoureusement rien dit de ce qu’il comptait faire. Et pour cause : il a bien l’intention de ne rien faire, et ses 305 supporters ont parfaitement raison de lui faire confiance. Bernard Cazeneuve ne fera rien d’autre qu’essayer d’empêcher les Français de se choisir un Président qui, d’emblée, annonce aux Français qu’il va leur falloir se retrousser les manches.
Cazeneuve, outre ses 305 groupies, ne manque pas de relais : toute la gauche dont les électeurs se limitent désormais aux bataillons de profiteurs du système ; mais aussi le Front national qui prospère sur l’incurie de la gauche ; s’y ajoutent, hélas, les idiots utiles de tout poil. Ces derniers, classés à droite, sont les dignes descendants des élus du Parti conservateur que Margaret Thatcher appelait les “Wets”, les poules mouillées. Tout ce beau monde s’évertue, depuis le 20 novembre dernier, à relayer la campagne d’intoxication d’une gauche furibarde que le candidat de droite ne soit pas de gauche. Il va lui falloir s’y habituer.
Mais ce sera difficile, tant les réflexes médiatiques engendrés par un instinct grégaire génétique sont lourds de conséquences. La rumeur d’une inflexion de François Fillon sur la sécurité sociale a commencé à circuler dès lundi matin, sans que nul ne sache sous quelle forme. En conséquence, aussitôt annoncée en début de soirée, la parution d’une tribune consacrée au sujet dans Le Figaro du lendemain, les premiers commentateurs qui n’avaient évidemment pas encore lu un traitre mot de la tribune en question, ont évoqué un recul du candidat par rapport à ses propositions de campagne des primaires. Une fois la tribune parue, il était trop tard. Personne ne l’avait lue mais tout le monde savait que Fillon abandonnait son projet de réforme de l’assurance maladie. L’ineffable Macron, successeur des Royal, Strauss-Kahn, Juppé et autres, dans le panthéon des pures inventions médiatiques, en a même tiré argument pour justifier auprès de ses amis socialistes, son refus de participer à leur primaire. Il a donc allégué ne pas vouloir prendre le risque, à l’instar de ce pauvre Fillon, de se retrouver en porte-à-faux vis-à-vis de ses engagements de campagne, après son succès, naturellement inévitable, à cette primaire à laquelle il ne participera pas. Ben voyons !
Le lecteur effectif de cette fameuse tribune apprendra donc à tous ses lecteurs virtuels, c’est-à-dire à tous ceux qui ont entendu l’homme qui a vu l’homme qui a entendu l’homme qui a vu l’ours, que François Fillon n’a fait que confirmer ses engagements au redressement de la France tout en rappelant la réalité. Elle est bien différente de la présentation qu’en fait Mme Touraine qui, en matière d’intoxication, mérite un prix Nobel, elle qui a affirmé, avec un culot en métal lourd, avoir mis fin au déficit de la sécurité sociale. Elle laissera en réalité une ardoise de 160 milliards d’euros, soit la moitié du budget annuel, toutes branches de la sécurité sociale confondues, et 7 % du PIB de la nation.
Prenant acte de ce désastre, François Fillon ne se laisse pas impressionner par les adeptes de la politique de l’autruche et confirme son objectif de remettre de l’ordre dans les comptes. La fin de l’absentéisme anarchique ; la fin de la guerre à la médecine libérale que Mme Touraine lui a déclarée dans l’ignorance de la plupart de nos concitoyens ; l’abrogation de mesures de déresponsabilisation, telles que le tiers payant généralisé ; la remise à plat du temps de travail à l’hôpital. Toutes mesures de bon sens qui devront, effectivement, être précisées et complétées durant la campagne présidentielle. De cette façon, François Fillon donnera corps au projet qu’il a déjà soumis aux électeurs de droite, sous forme d’un programme qu’il soumettra, cette fois-ci, à l’ensemble des Français.
Partagez avec vos amis