Dimanche soir, les résultats du premier tour des élections présidentielles répondront en même temps à deux questions : les Français sont-ils devenus un peuple que l’on peut berner ? Les Français ont-ils encore l’intelligence et le courage qui permettent à une nation d’affronter les difficultés du monde et de l’époque ou préfèrent-ils disparaître ? Un risque existe d’une absence de François Fillon au second tour aggravé par un duel Macron-Le Pen dont le résultat en faveur du premier ne fait aucun doute. Ainsi les Français qui ont rejeté la constitution européenne en 2005, qui sont majoritairement angoissés par une mondialisation qui génère du chômage et par une immigration qui menace leur identité nationale, pourraient choisir pour « Chef d’Etat » un personnage qui incarne, à travers ses parrains Attali et Minc, le mondialisme échevelé, veut faciliter le courant migratoire de l’Afrique vers la France, et ne remet nullement en cause la dérive européenne. Ils pourraient désigner pour les représenter un homme qui nie l’existence d’une culture française et va s’excuser en Algérie de crimes contre l’humanité que la France n’a pas commis sauf dans l’esprit de ceux qui haïssent notre pays. Ils pourraient en outre maintenir au pouvoir, par distraction sans doute, ceux qui durant cinq ans ont battu tous les records d’impopularité parce qu’ils conduisaient la France au désastre.
Si cette catastrophe se produisait, elle serait le résultat d’une sorte d’hallucination collective produite par une manipulation telle que le pays n’en avait jamais connue. Une opération associant l’Elysée, des médias et des magistrats a visé, à un moment qui ne fait aucun doute sur les intentions, un candidat : François Fillon. La mise en examen était l’objectif puisqu’il en avait fait une condition de sa candidature. Pourquoi lui alors que les faits incriminés sont répandus et appartiennent à une pratique parlementaire dont les tribunaux n’ont pas à juger ? Pourquoi un autre candidat dont la situation patrimoniale est pour le moins obscure n’a-t-il, lui, fait l’objet d’aucune procédure et n’a guère suscité l’intérêt des « journalistes »? Il s’agissait d’abîmer l’image du premier quand le second n’a cessé de bénéficier d’un soutien démesuré que son absence de bilan, et même d’expérience rend très troublant. Quelques opérations de transferts ou de fusions d’entreprises à la Banque Rothshild lui ont acquis des gains rapides et considérables qui semblent avoir disparu par enchantement. Sa présence au Secrétariat de l’Elysée n’a donné lieu, quant à elle, a aucun miracle économique. Comme ministre, il a présenté une loi dont on attend toujours les effets, et laissé la seconde à Mme El Khomri. Le fait de sauter d’un barreau à l’autre de l’échelle de perroquet, avant même d’attendre les résultats de ce qu’on a fait à l’étage précédent, devrait inquiéter les Français. L’arrivisme dépourvu de courage n’est pas une qualité. Quant à la virtuosité du brillant jeune homme en économie, que certains ont comparé à Giscard, elle devrait faire s’étrangler de rire. Giscard présentait le budget à l’Assemblée, sans note… Cahuzac aussi… Les résultats du premier n’ont rien de mirobolant même s’ils se comparent avantageusement à la gestion socialiste. De manière générale, il faut éviter la fascination pour les spécialistes qui enrobent leurs préjugés idéologiques et leurs préférences politiques sous l’apparence du savoir. L’école ses sophistes qu’on appelle « Sciences Po » sert justement à en apprendre la technique. Quant à l’économie, comment peut-on lui accorder un statut scientifique, alors que chaque candidat a ses économistes prêts à défendre des politiques radicalement opposées ? Au moins peut-on faire le tri en comparant les résultats obtenus à l’étranger sur la base de politiques inspirées par des théories différentes. A cet égard, le bilan de Macron est nul, les références de Fillon aux expériences étrangères sont pertinentes.
Comme on ne peut imaginer les Français si faciles à duper, il faut croire qu’une autre raison en détermine un certain nombre. François Fillon veut mettre la France à sa place : en tête ! Pour cela, il propose un remède sévère qui est le seul à pouvoir être efficace et qui consiste d’abord à réduire le poids de cette drogue mortifère qu’est devenue la sphère publique, garante d’emplois factices et de protections illusoires, dont le coût paralyse la croissance du pays. La baisse des charges compensée en partie par la TVA est la mesure que la France aurait dû mettre en oeuvre depuis des années. Macron propose des solutions tellement moins radicales qu’elles ne changeront rien. « Les économies d’à peine 60 milliards sont absorbées par les charges nouvelles » juge Agnès Verdier-Molinié, directrice de l’Ifrap. Le chiffrage COE-Rexecode indique que le déficit public serait encore de 3,4% en 2022, et non de 1% selon le candidat. Mais ce ravalement de façade est rendu plus attractif par quelques propositions bien démagogiques comme le remboursement des lunettes ou l’exonération de taxe d’habitation pour 80% des Français. Non seulement les compensations financières sont loin d’être claires, mais elles risquent surtout de provoquer des transferts massifs qui pénaliseront notamment les classes moyennes. L’ISF supprimé pour les avoirs mobiliers et concentré sur l’immobilier sera bénéfique pour le capitaliste, comme dirait Mme Arthaud, mais défavorable au commerçant qui aura assuré sa retraite en louant des immeubles acquis par son travail.
Le populisme consiste à défendre LE peuple contre les dérives de l’oligarchie. Il constitue une réaction légitime en démocratie. La démagogie, au contraire, revient à opposer une partie du peuple à une autre, en séduisant l’une par l’annonce de ce qu’on va lui donner en le prenant à l’autre. C’est la clef de toutes les politiques de gauche. La CSG sera l’un des vecteurs de son application dans le cas d’une victoire de Macron. Or, ce dont la France a le plus grand besoin, c’est de retrouver sa cohésion nationale autour d’un projet collectif mu par un élan patriotique. François Fillon a eu raison, à la suite du meurtre d’un policier par un terroriste islamique sur les Champs Elysées, de placer cette exigence de sécurité en première ligne. Macron néglige ce sujet quand Fillon lui a consacré un livre. Les intérêts matériels ne sont, en effet, pas seuls en cause. Une partie des Français a vu ses valeurs lésées et méprisées au profit d’une infime minorité à l’occasion de l’instauration du mariage unisexe. Ce n’est pas par hasard si les opposants à cette loi inepte se sont mobilisés derrière François Fillon. Le soutien à Macron apporté par Bergé, « qui n’aurait pas pleuré si un attentat avait touché les défilés de 2013 » ou trouvant la « location » d’un ventre de femme aussi légitime que celle de ses bras souligne combien cette fracture morale demeure ouverte. Non seulement un Macron élu n’aura pas de majorité parlementaire, mais il aura face à lui beaucoup de Français, sans doute parmi les plus attachés à leur pays, qui se sentiront rejetés.
Il reste deux jours pour faire en sorte que François Fillon soit présent au second tour et que notre destin national demeure ouvert en se libérant du piège dans lequel on a voulu l’enfermer.
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