Le gouvernement veut faire du redémarrage de l’investissement une priorité nationale. Cela tombe bien, en cette période chahutée pour la majorité après la défaite aux élections départementales, cet objectif salutaire est partagé par la plupart des acteurs politiques – y compris les « frondeurs » du PS -, les entreprises et les collectivités locales.
Entouré de 7 membres du gouvernement, le premier ministre a détaillé mercredi toute une batterie de mesures, pour un montant de 2,5 milliards d’ici à 2017, dont 500 millions cette année. Elles seront compensées par des économies supplémentaires dans les ministères.
Ainsi, les entreprises qui se lanceront dans des achats de matériels industriels entre les 15 avril 2015 et 2016 bénéficieront d’une économie d’impôt sur les sociétés (IS) de 13 % du montant de l’investissement, en cumulé sur la durée de l’amortissement. Ce dispositif, qui coûtera environ 1,5 milliard sur 3 ans (2,5 milliards sur 5 à 10 ans), s’ajoutera aux 40 milliards de baisse de prélèvements du pacte de responsabilité entre 2014 et 2017. Il est limité dans le temps pour que les chefs d’entreprise aient une « vraie incitation à investir », explique-t-on à Matignon.
Mais, comme toujours en France, il y a un gouffre entre un objectif et sa mise en œuvre. Notons tout d’abord que les entreprises qui ne paient pas ou peu d’impôt sur les sociétés seront laissées à l’écart de cette mesure alors que ce serait souvent elles qui en auraient le plus besoin. Ajoutons que les décrets d’application qui viendront confirmer cette loi vont devoir définir ce que Bercy entendra par « matériels industriels ». Leur définition risquera de ne pas coïncider avec celle des entreprises qui s’en croiront bénéficiaires. Enfin, un investissement en matériel de production ne crée pas nécessairement d’emplois à court terme mais permet de mieux utiliser et de promouvoir le personnel existant. Dans le meilleur des cas, il ouvrira de nouveaux marchés mais, si cette mesure ne s’accompagne pas d’un hypothétique assouplissement des règles de licenciement, les entreprises attendront que les commandes affluent avant de prendre le risque d’embaucher.
Rien n’est simple dans le paysage industriel de notre pays.
Du bout des lèvres, la Commission européenne a accepté les chiffres présentés par Michel Sapin, soulignant que Paris rejoint une« responsabilité budgétaire » partagée par la plupart des capitales de l’euro. Mais pour se prononcer sur le fond, l’équipe Juncker attend d’en savoir beaucoup plus. « La Commission ne pourra évaluer la situation qu’après que la France lui aura officiellement transmis deux documents : son plan de stabilité et le programme national de réformes », a fait savoir la porte-parole européenne Annika Breidthardt. On croirait entendre Angela Merkel parler de la Grèce !
Si le Front National n’avait pas réalisé un score plus qu’honorable aux dernières élections départementale, la nouvelle sortie de son fondateur, Jean-Marie Le Pen, serait passée inaperçue. Il était coutumier du fait. Mais alors même que sa fille Marine met son énergie et son talent au service de la normalisation du parti nationaliste, son père, en exprimant un point de vue personnel opposé à la direction et à la stratégie du Front National, ne lui rend pas service.
Faire ce type de déclaration, en dehors des instances internes de décision et de débat, qui plus est dans un hebdomadaire notoirement anti sémite, constitue une faute de la part de Jean-Marie Le Pen. Ceci dit, nos médias en font des tonnes et cet accident de parcours ne devrait pas arrêter la montée du Front National qui va trouver dans le mode de scrutin des élections régionales l’occasion de concrétiser son ascension.
Pour répondre à cela, l’UMP sera donc contrainte de durcir le ton, sur le plan du discours comme sur le plan de la tactique. Sarkozy va devoir s’adresser plus nettement aux électeurs en attente de plus de fermeté sur les questions d’immigration, d’assistanat, de rapport à l’islam, d’autorité et de sécurité. Il devra se montrer d’autant plus convainquant que beaucoup de promesses de son premier quinquennat n’ont pas été tenues. Et son problème principal reste que certains membres éminents de l’UMP – tels Alain Juppé – sont farouchement opposés à cette fermeté et que, pour aller plus loin dans cette direction, il devra s’affranchir du soutien centriste. Ce n’est pas gagné d’avance !
A Bruxelles, le malaise a fait place à un certain soulagement : le voyage de M. Tsipras à Moscou se termine sans trop de dégâts pour le camp européen. Pas d’aide financière directe de Moscou, pas d’indications précises quant à la possible participation de la Grèce dans les projets énergétiques russes mais un simple souhait de participation dans la construction du gazoduc Turkish Stream, destiné à contourner l’Ukraine et un assouplissement partiel de l’embargo sur les produits grecs.
En même temps, la Grèce a payé les 460 millions d’euros de l’échéance du mois d’avril de son plan de remboursement. Une goutte d’eau dans l’océan des obligations financières du pays envers la défunte « troïka »; ce qui n’empêche pas Tsipras de quémander depuis août un versement de 7,2 milliards d’euros, dernière tranche d’aide européenne, dans le cadre des plans UE-FMI lancés en 2010, dont le montant total de 240 milliards d’euros, en échange de réformes drastiques du pays. Ces réformes ont été rejetées par le vote populaire grec mais les obligations restent : en mai, la Grèce doit rembourser 760 millions d’euros au FMI, plus 320 millions d’euros d’intérêts et renouveler 2,8 milliards d’euros de bons du Trésor. En aura-t-elle la capacité ?
Castro (le frère) a rencontré Obama. Le rapprochement amorcé en décembre se précise. Mais, malgré la joie des fumeurs de cigare américains, la route reste longue. Les deux chambres, dominées par les Républicains sont très réticentes, sous la pression notamment de la minorité cubaine américaine.
La bonne nouvelle de la semaine nous vient, une fois de plus, de l’avion Rafale dont 36 exemplaires entièrement fabriqués en France ont été vendus à l’Inde.
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