Nos médias ont consacré leurs mots et leurs images à la démonstration de force de Vladimir Poutine lors de la célébration de la victoire soviétique sur l’Allemagne Nazie. S’il est vrai que le Président russe en a fait beaucoup, nous n’irons pas jusqu’à y voir son intention de renoncer à toute négociation sur l’Ukraine, comme tous l’affirment. Nous continuons de penser que Poutine ne peut pas aller très loin dans cette direction. Mais, en excellent stratège, il sait qu’il est préférable d’entrer en position de force dans toute négociation. Il sait aussi profiter des faiblesses de l’adversaire et notamment d’une Union Européenne incapable de parler d’une seule voix et qui n’a ni politique militaire, ni action diplomatique cohérente.
De son coté, Barack Obama voit arriver très vite des élections de « mid term » qui risquent de limiter sa capacité d’action plus encore qu’elle ne l’est déjà. Les Américains ne verraient pas d’un bon œil se réveiller le spectre de la guerre froide. Il est probable que le peuple russe non plus mais, pour l’instant, Poutine réveille chez lui un patriotisme trop longtemps humilié. Il sait bien toutefois que les sanctions occidentales finiront par faire sentir leur effet et, comme jadis Kroutchev avait arrêté ses missiles au large de Cuba, il saura rebrousser chemin. Mais il sera assez malin pour le faire sans perdre la face et, peut-être même, pour apparaître comme le sauveur du Monde.
Dans ce contexte, le référendum organisé par les pro-russes qui a appellé plus de sept millions d'Ukrainiens de l'est à voter pour l’indépendance des régions de Donetsk et Lougantsk apparaît anecdotique !
Pendant ce temps la France célèbre l’anniversaire de l’abolition de l’esclavage. Il est indéniable que la notion même d’assujettissement d’un être humain à un maître qui en devient propriétaire au même titre qu’un objet ou un animal nous révulse. La traite des esclaves, arrachés à leur famille, exportés et vendus comme de simples objets nous paraît aujourd’hui inconcevable. Pourtant elle a existé depuis des millénaires, aussi loin que remonte l’histoire connue de l’humanité et probablement au-delà. La France y a sa part, mais ce qui choque dans cette célébration fixée arbitrairement au dix mai, c’est qu’elle fait apparaître la France comme le seul pays l’ayant pratiquée. Alors que, sans remonter à l’époque romaine, on dénombre trois traites principales :
· La traite orientale qui a été la plus longue et la plus régulière, avec 17 millions d'individus asservis, du VIIe siècle à 1920.
· La traite intra-africaine, qui a réduit en esclavage près de 14 millions de personnes.
· La traite atlantique, la plus courte, qui a déporté 12 millions de personnes.
Mais rappelons que le 2 décembre 1949, l'Assemblée Générale des Nations Unies a publié sa « Convention pour la répression et l'abolition de la traite des êtres humains et de l'exploitation de la prostitution d'autrui ». C’est donc cette date qui devrait avoir été choisie pour célébrer l’abolition et qui devrait s’appliquer à tous les pays membres. Mais peu de nations, en dehors de la France, possèdent notre goût prononcé pour l’auto-flagellation !
Bien entendu, une déclaration de l’ONU et la fixation d’une date mondiale pour célébrer cette abolition seraient loin de suffire pour totalement éviter ces pratiques d’un autre âge, comme l’a tristement illustré l’enlèvement de 200 jeunes filles au Nigéria par le groupe islamiste Boko Haram, dans le but de les revendre. Mais « pas d’amalgame » nous disent nos médias !
La semaine a vu nos gouvernants s’engager dans la campagne pour les élections européennes. François Hollande était lui-même invité par Angela Merkel dans son fief électoral sur les rives de la Baltique pour un week-end. Le président de la République a passé deux jours sur place en compagnie de la chancelière, l'occasion pour lui de faire bon nombre de rencontres et de recevoir des cadeaux, dont ne faisait pas partie la moindre concession concernant les objectifs européens de réduction des déficits publics. Aimable mais ferme, la Chancelière !
En retour, il est probable que tous deux soutiendront la candidature de Martin Schulz à la tête de la Commission européenne. Hollande parce qu’il est de gauche, Merkel parce qu’il est allemand.
Manuel Valls s’est également, même si plus calmement, engagé dans la campagne. Le Premier ministre sait que le combat sera difficile mais ne peut pas éviter de mener campagne car la déroute annoncée du Parti Socialiste lui serait alors attribuée par sa majorité, déjà diablement frondeuse. Sa contribution à la campagne sera principalement dirigée contre la « vague populiste » attendue en Europe et plus particulièrement en France, où les candidats du Front National font la course en tête dans les sondages.
Après un léger regain de popularité qui a suivi son remaniement ministériel, François Hollande a retrouvé son 18% habituel. Il a donc quitté Angela Merkel pour se mettre à l’abri des Français un peu trop frondeurs et effectuer une visite de trois jours en Azerbaïdjan, en Arménie et en Géorgie. Accompagné d’une délégation de chefs d’entreprise, cette visite doit permettre d’accroître nos relations économiques avec ces pays du Caucase sud. Mais combien d’Airbus, de TGV ou de centrales nucléaires peut-on vendre dans le Caucase sud ?
La bonne nouvelle de la semaine nous vient des États-Unis qui vont envoyer une équipe pour aider à retrouver les 200 lycéennes enlevées au Nigéria par le groupe islamiste armé, Boko Haram. Bien sûr les mots de soutien explosent sur les réseaux sociaux. Bien sûr les pancartes défilent « rendez nous nos filles ». Mais seule l’action sur le terrain donne la moindre chance de les retrouver.
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