Quinze milliards de rentrées fiscales manquent sur le budget 2013, le chômage continue d’augmenter en France alors qu’il baisse ailleurs, le Parti Socialiste qui détient l’Élysée et la majorité aux Assemblées ne recueille que 14% des voix aux élections européennes… mais ce qui a occupé nos médias cette semaine, c’est l’affaire Bygmalion. Certes, cette affaire pointe une fois de plus les dysfonctionnements qui entachent trop souvent le financement des partis politiques, plus particulièrement au moment des élections présidentielles; mais elle survient au bon moment pour François Hollande qui, dès lors, peut se contenter de prendre acte de la déroute électorale de la gauche – sa déroute – tout en confirmant qu’il ne changera pas de politique.
Pendant ce temps, Manuel Valls n’en finit pas de coller des rustines sur une chambre à air qui fuit de toutes parts.
La France court vers l’abîme et certains magazines, de droite comme de gauche, posent ouvertement la question de savoir si François Hollande doit aller jusqu’au bout de son quinquennat. Nous ne hurlerons pas avec les loups. Autant nous aurions souhaité que les Français n’aient pas envoyé à l’Élysée un homme qui ne cesse de prouver chaque jour qu’il n’avait pas la stature nécessaire pour devenir Président, autant nous pensons que le moment serait mal choisi pour sa démission ou même pour une simple dissolution de l’Assemblée Nationale. Aucun parti n’est aujourd’hui en état de gouverner le pays et cette dissolution risquerait de déboucher sur une assemblée ingouvernable, sauf alliances volatiles contre nature. Le Front National, arrivé en tête aux européennes, ne dispose pas aujourd’hui d’un programme de gouvernement applicable. Il y a loin entre quelques sièges à l’assemblée européenne et une majorité dans les assemblées françaises. Les Français viennent de démontrer que la diabolisation du parti de Marine Le Pen n’était plus d’actualité et cette dernière dispose de deux ans pour se présenter aux suffrages des Français avec une feuille de route capable de rassembler une majorité. Pas facile, mais les autres partis sont encore plus mal lotis.
– Le PS est en lambeaux et ses alliés habituels sont devenus autant d’adversaires.
– L’UMP vient d’imploser et va, elle aussi, avoir besoin de temps pour se reconstituer et renouer ses alliances, notamment avec le centre qui trouve là une opportunité pour jouer plus qu’un rôle de simple comparse. Mais une telle alliance serait en complète contradiction avec le message que les électeurs ont voulu faire passer en votant FN et en complet décalage avec une grande partie de ses militants.
Certes, même si cela fait mal, ce n’est que de la politique et reste, pour l’instant, loin des évènements que connaissent certains pays.
A commencer par l’Ukraine dont les régions de l’est sont à feu et à sang. Le gouvernement de Kiev multiplie les raids contre les insurgés prorusses, de nombreux civils fuient la zone des combats et l’on est sans nouvelles de plusieurs « observateurs » internationaux. Vladimir Poutine a beau assurer qu’il privilégie une solution diplomatique, après avoir décidé de retirer une grande partie des troupes russes massées à la frontière ukrainienne, on ne voit pas l’ombre d’une négociation possible.
L’Afrique ne connaît pas non plus de répit. Le seul domaine où François Hollande n’avait pas totalement échoué est désormais de retour à la case départ.
Le Mali tout d’abord, où le ministre de la Défense, Soumeylou Boubèye Maïga, a démissionné une semaine après la défaite de l'armée malienne à Kidal face à des groupes armés rebelles. Il déclare toutefois n’avoir jamais donné l’ordre à l’armée malienne d’attaquer les groupes rebelles et exige la création d’une commission d’enquête pour faire toute la lumière. Il apparaît clairement que les régions touareg ne reconnaissent pas le pouvoir de Bangui plus qu’elles n’acceptaient les envahisseurs islamistes avant l’opération Serval. La France serait bien inspirée de ne pas s’en mêler.
La situation en Centrafrique est pire encore. L'assassinat d'une quinzaine de personnes, mercredi 28 mai, dans l'église Notre-Dame de Fatima, a été le détonateur de la contestation; des milliers de manifestants ont exprimé leur colère contre une partie des forces internationales déployées en République centrafricaine. La France et la présidente de transition, Catherine Samba-Panza, perçue comme sa " protégée ", sont également vilipendées par la foule qui réclame le retrait du contingent burundais de la mission onusienne Misca, le désarmement de tous les groupes combattants, à commencer par les derniers miliciens du quartier majoritairement musulman de PK5. Comme les soldats tchadiens auparavant, le bataillon venu du Burundi est accusé de ne protéger que la communauté musulmane. Il y a six mois, Bangui attendait pourtant avec impatience le déploiement des forces françaises censées bien connaître la Centrafrique.
Mais pour comprendre que le gouvernement français ne prendrait pas clairement partie contre les musulmans, il suffisait de regarder la politique menée en France.
Dernier exemple de ce laxisme, le parcours du multirécidiviste Mehdi Nemmouche arrêté à Marseille pour avoir commis l’attentat contre le musée juif de Bruxelles, ce qui devrait ouvrir les yeux sur l’incompétence des autorités françaises envers les djihadistes potentiels.
La bonne nouvelle de la semaine nous vient d’un commissaire européen chargé du commerce, Karel De Gucht, qui a apporté son soutien au boycottage lancé contre le groupe hôtelier Dorchester Collection, propriété du sultanat de Brunei. Prôné par le milliardaire britannique Richard Bronson et le Français François-Henri Pinault, ce boycottage fait suite à la décision du sultan Hassanal Bolkiah d'instaurer la charia sur son territoire. Il est temps d’agir partout où cette loi moyenâgeuse existe.
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