Pressé par Bruxelles de respecter les engagements de la France en matière budgétaire, le gouvernement a trouvé 3,6 milliards d’euros sous les tapis de Bercy pour ramener notre déficit 2015 à 4,1% du PIB, toujours loin des 3% espérés. Pas d’économies supplémentaires mais le résultat d’un crayon taillé plus finement pour recalculer certaines rentrées fiscales et les intérêts de la dette publique. Il est probable que la Commission européenne va faire semblant de croire à ces prévisions, pourtant peu fiables si l’on considère la constance avec laquelle la France de François Hollande a raté tous ses objectifs et renié toutes ses promesses depuis 2012. Notons en passant l’augmentation des rentrées fiscales, ainsi que la réduction des dotations aux régions et départements également prévue, qui va sans doute entraîner une hausse des impôts locaux, à l’encontre des promesses de gel de la fiscalité cent fois répétées par l’exécutif.
Si la lettre envoyée à Bruxelles pour annoncer les « efforts » supplémentaires promis par la France va peut-être rassurer la Commission, ce ne sera sans doute pas suffisant pour les agences de notation et encore moins pour d’autres pays de l’UE qui voient d’un très mauvais œil l’indulgence accordée à la France alors que, de leur coté, ils ont dû faire d’énormes efforts. Cette lettre ne sera sans doute qu’un torchon de papier pour certains comme la Grèce ou le Portugal.
A propos de torchon, il brûle entre François Hollande et son Premier Ministre. Les piques du premier à ce dernier lors de la cérémonie de l’élévation à la dignité de Grand Croix dans l’ordre du Mérite de Manuel Valls ont suscité de nombreux commentaires. Soucieux de ne pas verser de l’huile sur le feu, le chef du gouvernement a expliqué, dans le quotidien néerlandais NRB Handelsblad, que le président sortant a « une vocation naturelle à être candidat » à la prochaine présidentielle. Ajoutant :
« C'est ma tâche de l'aider afin que la France en 2017 soit dans un meilleur état qu'en 2012 ».
Une déclaration sans grande conséquence, personne ne voyant actuellement la moindre chance à François Hollande de faire un second mandat, y compris chez les Socialistes. Mais Manuel Valls a compris que son sort est, dans une grande mesure, lié à celui de son patron.
Bien entendu, cette guerre fratricide entre nos deux chefs de l’exécutif n’est pas comparable à celle dans laquelle le Moyen-Orient s’enfonce semaine après semaine. Chaque succès proclamé par l’État Islamiste est immédiatement suivi de l’annonce de succès occidentaux. Les frappes aériennes sont a priori efficaces mais les combats aux sols reprennent immédiatement après. Les renforts kurdes ont permis une certaine stabilisation, mais la frontière entre la Turquie et les zones de conflits reste soumise à la volonté d’un Erdogan toujours réticent : « pourquoi les Occidentaux s’intéressent-ils tant à Kobané ? » C’est la question qu’il a posée vendredi, lors d’une rencontre organisée à Paris par l’Institut français des relations internationales (IFRI). « Actuellement, on ne parle que de Kobané, assailli par Daech », s’est plaint Erdogan, qui refuse d’utiliser le terme Etat islamique. « Il y a très peu de civils à Kobané. Kobané ne représente qu’une partie minime du drame dans la région. Y a-t-il de l’or, des diamants. Pourquoi Kobané ? ». Avec un tel « allié », les Occidentaux sont très mal partis . Bien sûr, Obama n’est pas George Bush et il y a peu de chances que les américains interviennent avec des troupes au sol. Nous en saurons plus après les élections de mid-term de mardi prochain qui vont voir remis en jeu la totalité des 435 sièges de la chambre basse, un tiers du Sénat et 38 Gouverneurs d’État. Le Président américain, déjà peu solide , pourrait en sortir encore affaibli. Une situation qui peut nous sembler paradoxale au vu des bons résultats économiques américains mais qui s’explique dans un pays essentiellement libéral où le Chef de l’État est tenu responsable lorsque l’économie va mal mais ne retire que peu de crédit lorsque les affaires vont mieux.
Une situation politique aux antipodes de celle de Vladimir Poutine qui défie l’Occident en soutenant le scrutin organisé dans l’est de l’Ukraine par les pro-russes, deux semaines seulement après les élections législatives organisées par Kiev et qui ont vu une victoire des pro-occidentaux, victoire entachée par l’absence de bureaux de vote dans l’est.
Le Burkina-Faso est entré en révolution. Comme dans beaucoup de pays africains, la démocratie telle que nous la concevons n’y est pas de mise. La limite entre un Président élu et un autocrate reste ténue. Blaise Compaoré ayant tenté de faire modifier la constitution afin de prolonger son mandat au-delà des 27 ans déjà accomplis s’est vu désavoué par son peuple. L’armée a pris le pouvoir et le lieutenant-colonel Isaac Yacouba Zida a été nommé à la tête de l’État pour une période de transition. La France a appelé à « la tenue rapide d’élections démocratiques ». Il est vrai que toute instabilité dans ce pays, qui possède une frontière de mille kilomètres avec le Mali, a de quoi nous inquiéter.
La semaine en France a été marquée par le déchaînement des médias provoqué par le décès d’un jeune manifestant contre le projet de barrage de Sivens, suite à une grenade lancée par les forces de l’ordre. Bien sûr ces manifestations finissent le plus souvent par être investies par des voyous venus « casser du flic ». Mais il reste que nos écologistes leur en offrent trop souvent l’occasion et que notre gouvernement actuel ne sait pas comment régler ces différents par la négociation.
Il sera désormais interdit aux gendarmes d’utiliser ces grenades contre les manifestants.
Par contre, nos centrales nucléaires étant régulièrement survolées par des drones, la bonne nouvelle de la semaine a été d’autoriser les gendarmes à abattre ces appareils. Mais ces drones étant contrôlés par radiocommande, on peut regretter qu’il ne soit pas possible de brouiller les signaux.
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