Paul Claudel, qui s’interrogeait au sujet de « celui qui sortira premier dans un concours de circonstance », aurait dû savoir que c’était sémantiquement le plus opportuniste. Le dernier sondage nous apprend que M. Alain Juppé est classé devant M. Nicolas Sarkozy. Toutefois, par définition, le propre des circonstances est de varier, et elles auront peut-être changé d’ici 2017. Changer ? Devons-nous rappeler, comme nous l’avons fait il y a peu, que « tout change pour que rien ne change » et que ce mot usé a cependant la faveur de tous les candidats aux postes suprêmes. Un analyste du Figaro (24 juin 2014) a la cruauté de rappeler que pour M. Giscard d’Estaing, « le changement était dans la continuité », que M. Mitterrand voulait « changer la vie », que M. Sarkozy avouait avoir « changé » en 2007, ou plus tard, qui le sait ?, et M. Hollande annonçait « le changement c’est maintenant ». Comme il a eu raison de le faire, car les « Français ont la mémoire courte ». Et pourtant, des Français se sont souvenus de leurs vieilles gloires pour en faire les trois piliers de la sagesse d’un parti politique. Comme l’avait prédit Clemenceau « il faut un nombre impair pour diriger et trois c’est trop », il n’en restera bientôt plus qu’un, ne démentant pas un député, UMP évidemment, souvent primé pour son humour, M. André Santini, qui disait « dans une formation à trois il faut être l'un des deux » La présidentielle ? Bingo ! Nous avons notre champion pour cette occurrence et gardons-nous de barguigner sur le fait qu’il n’est plus très jeune pour « faire l’affaire » jusqu’en 2022 ; qu’il y a 20 ans – 20 ans déjà ! – le pays était dans la rue, les trains ne roulaient plus, mais l’on s’habitue à cela désormais ; que « droit dans ses bottes », il ne devait rien céder (un humoriste observera quelques jours plus tard qu’il avait obtenu fort heureusement que le papier hygiénique restât rose dans les toilettes des wagons) ; que parfois il ne manque pas d’une indulgence étonnante quand il estime que « la présentation qui est parfois faite de ce mouvement (les frères musulmans) mérite sans doute d’être révisée» ; que la justice lui a fait quelques reproches, à cela aussi on s’habitue ; que ce sont les partis qui assurent les carrières, et donc en pratique « l’enrichissement personnel », mais cela peu l’admettent.
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