Après une longue période électorale d’où on a soigneusement évacué le débat d’idées pour garantir à tout prix l’élection de celui qui avait été désigné d’avance, on s’évertue à perpétuer ce vide sidéral de la pensée en commandant des sondages ineptes. Telle étude d’opinion nous fait croire que si l’on “rejouait le match”, on obtiendrait le même résultat ; telle autre que la cote de popularité de Macron ou de Philippe se nourrit des électeurs de droite ; telle troisième prétend que la moitié des électeurs de Fillon sont séduits par Macron, etc.
Le rapt de la présidentielle et des législatives se perpétue devant l’apathie de l’opposition de droite qui contemple, spectatrice impuissante, le duel entre Macron et l’adversaire qu’il s’est choisi, Mélenchon. Ce serait grotesque si ça n’était tragique.
Depuis quelques jours, Wauquiez, d’ores et déjà promu général de l’armée morte des Républicains, semble se réveiller. Mais il n’attaque guère Macron que sur sa personnalité au lieu de s’en prendre à sa politique, accréditant par la même, l’imposture de l’actuel pouvoir. Se nourrissant du pilonnage incessant de Mélenchon et ses sbires, le gouvernement est trop heureux de laisser accroire qu’il mène la politique qu’aurait dû mener la droite française.
Croire de telles billevesées ne fait que valider l’analyse de Maurice Druon : « il y a deux gauches en France, dont l’une s’appelle la droite ». Car, en moins de six mois d’exercice du pouvoir, l’exécutif a concrètement fait la démonstration qu’il était au moins aussi à gauche que le précédent, en appliquant pas à pas et, à la lettre, le programme extrémiste de la gauche Terra Nova. Il suffit de s’en tenir aux faits.
Le premier texte voté en toute hâte par la jeune majorité macronienne, prétendument destiné à moraliser la vie publique, interdit aux parlementaires de travailler avec leurs proches. Il prévoit aussi des peines automatiques d’inéligibilité et avait même prévu l’inéligibilité pour des propos qui ne plairaient pas, cette dernière disposition ayant été légèrement atténuée par le Conseil constitutionnel. Sans évoquer les dispositions inquisitoriales de toutes sortes qui, au nom de la transparence, nient tout droit à une vie privée. Est-ce de droite que de limiter ainsi la liberté d’expression, ou celle de faire confiance à qui bon lui semble, de bafouer la séparation entre le législatif et l’exécutif ? quant à la transparence à tout prix, est-elle de droite ?
Ces jours derniers, le Conseil d’État a exigé d’un maire breton qu’il retirât la croix sur le monument en l’honneur de Saint Jean-Paul II. A-t-on entendu un ministre ou un parlementaire de la majorité s’en étonner ? s’ils étaient de droite, ils l’auraient fait. Accessoirement, ça permet de démontrer que les parlementaires LR dont bien peu se sont émus, font écho à cette parole forte de Charles Pasqua : « nous avons commis la plus belle escroquerie du siècle : nous avons fait croire aux Français que nous étions de droite ».
Ils ne sont pas de droite lorsqu’il s’agit de critiquer le Conseil d’État mais ils ne le sont même pas lorsqu’ils sont dans l’exercice de leur mission première. Combien ont voté contre l’instauration de l’impôt sur la fortune immobilière ? Est-ce de droite que de pénaliser ainsi des familles qui ont acquis, au terme d’une vie de travail, un bien de quelque valeur, mais sur lequel ils ont déjà payé la taxe foncière sans compter l’impôt sur des revenus passés grâce auxquels ils ont pu l’acquérir ? en mauvais français, l’ISF comme l’IFI, portent un nom : racket.
Racket également, la nouvelle taxe inventée par Le Maire pour remplacer un impôt illégal. Le gouvernement précédent a commis une faute grave et il demande aux entreprises de la rembourser. C’est effrayant de cynisme ; mais ce n’est pas de droite. Un certain nombre d’entreprises ont le courage de déposer une plainte contre l’État pour concussion. On apprécierait que la prétendue opposition les soutînt.
Le budget 2018 augmentera la Contribution sociale généralisée, inventée par Michel Rocard il y a trente ans. Concédons à Laurent Wauquiez qu’il a posé cette question : est-ce de droite que d’augmenter les impôts ? qui plus est sur le travail et l’épargne ?
Sur un tout autre sujet, Macron s’est indigné que les clandestins délinquants ne soient pas renvoyés chez eux. Il se trouvera toujours des responsables de la prétendue droite pour se satisfaire d’une telle prise de position. Mais savent-ils que le seul fait qu’ils soient clandestins les place déjà dans l’illégalité et, qu’à ce titre, ils n’ont aucune légitimité à résider sur le territoire de la nation ? mais le dire c’est être de droite. Effectivement.
On nous serine que le ministre de l’Éducation ne serait pas de gauche. Si c’était vrai, se serait-il contenté d’affirmer dans Le Figaro, avec un sens aigu de la litote, qu’il était « réservé » sur ce summum du crétinisme qu’est l’écriture dite inclusive ? Évidemment non : un ministre de l’Éducation digne de ce nom aurait immédiatement adressé une circulaire à l’ensemble des académies pour leur enjoindre d’interdire sans délai le manuel scolaire écrit dans cet infâme sabir. En lieu et place d’écriture “inclusive”, ces signes cabalistiques qui s’apparentent au morse, sont hautement exclusifs à l’encontre des malheureux enfants qui ont déjà suffisamment de mal à apprendre à lire et écrire correctement le français dans un système scolaire ravagé par mai 1968.
Un mai-68 que Macron aurait l’intention de commémorer. Laissons sur ce point la parole dans Les Échos, à Stéphane Courtois, auteur du Livre noir du communisme : « Mai-68 a dévasté l’université française et l’exigence intellectuelle dans les sciences humaines ». à voir le degré d’incompétence et d’aliénation des responsables politiques qui demandent les suffrages des électeurs de droite, sans voir que Macron est aux antipodes de la pensée de droite, davantage encore que tous ses prédécesseurs, on comprend que tous ces gens-là ont bien été formés par l’université post soixante-huitarde.
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Peyrot
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Vive le Roy !
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