Fondateur de l’Eglise des Disciples et peut-être un des inspirateurs de Léon XIII pour sa rédaction de l’encyclique Rerum Novarum, James Freeman Clarke distinguait le politicien qui pensait à la prochaine élection, de l’homme d’Etat qui pensait à la prochaine génération. Dans la dernière livraison de l’excellent mensuel Eléments,
Alain Lefebvre a recueilli ce stupéfiant témoignage d’Henri Proglio, alors pdg d’EDF. La chancelière Angela Merkel lui déclara textuellement, en 2011, pour justifier sa décision arbitraire d’arrêter subitement la production d’énergie nucléaire : « Allemande de l’est, je suis totalement convaincue par le nucléaire. Mais j’ai besoin des Verts pour gagner les élections régionales et demain les élections nationales (en 2013). Je sacrifie les industriels de l’énergie allemande à l’intérêt supérieur de la République fédérale qui est d’avoir la CDU à la tête du pays ». Traduit de l’allemand merkelien, sorte de dialecte prussien de Poméranie occidentale, ça signifie « garder le pouvoir à tout prix est bien davantage dans l’intérêt du pays que de laisser prospérer ses industriels et son économie ». Un de mes amis, ancien correspondant du Figaro à Bonn puis à Berlin, très proche du chancelier Helmut Kohl, m’avait dit : « cette femme de gauche est très intelligente ». Elle est surtout d’un parfait cynisme en habillant un propos d’homme d’Etat d’une manoeuvre politicienne de très bas étage. Au bout de seize ans au pouvoir, dont douze avec les socialistes, le bilan de cette femme est simple. Elle a pris deux décisions en seize ans, aussi désastreuses l’une que l’autre. L’arrêt du nucléaire et l’ouverture à une immigration musulmane incontrôlée. Pendant ce temps-là, les investissements publics sont en berne et les deux joyaux de la puissance allemande, l’automobile et les machines-outils, sont en sursis, dans l’attente que la Chine s’autonomise et nous envahisse. La Chine, elle, n’a pas tué son économie en séquestrant son peuple. Elle s’est simplement contentée de donner un exemple débile en se disant que les occidentaux sont si ramollis dans la décadence, qu’ils le suivront sans s’interroger, terrorisés au point de se ruiner eux-mêmes. L’histoire récente valide le jugement que portent bien des Allemands, et pas les électeurs du SPD, sur le chancelier socialiste Gerhard Schröder: lui était un homme d’Etat. Il avait préféré sacrifier son mandat, en provoquant la scission du SPD, pour avoir pris les mesures indispensables à la digestion définitive de la facture de la réunification. Accessoirement, il a gouverné pendant sept ans avec les Verts et il n’y a toujours pas de limitation de vitesse généralisée sur autoroute. Avec Merkel, les Verts ne sont peut-être pas au pouvoir mais il n’y a plus d’énergie nucléaire et tous les grands constructeurs automobiles gaspillent des milliards dans des engins électriques qui sont un gigantesque contresens économique, technique et industriel.
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