Nicolas Hulot est un homme très populaire principalement à cause de son activité médiatique télévisuelle qui fut naguère très appréciée et à juste titre. Bien que de méchantes langues ironisent sur son écologie transportée en hélicoptère ou en Catalina (hydravion hyper pollueur s’il en fut), je ne suis pas personnellement de leur camp, car j’ai beaucoup admiré en son temps sa conviction écolo un peu naïve mais tellement sincère.
Mais voici qu’aujourd’hui, devenu ministre, il est face a de dures (pour lui) réalités. Sa fonction nouvelle lui donne en plénitude l’accès à des éléments de jugements qui ne sont que rarement portés à la connaissance des citoyens votants/cotisants que nous sommes et qui concernent essentiellement la question énergétique.
De quoi s’agit-il ?
Il s’agit de savoir comment nos enfants pourront demain circuler, se chauffer, comment leurs usines pourront produire ce dont ils auront besoin et comment leurs paysans hyper mécanisés assureront les production de la nourriture qui leur sera nécessaire. La réponse est simple : avec de plus en plus d’énergie.
Un savant anglais, Sir Fred Hoyle, avait voici plus de trente ans abordé sereinement et sérieusement cette question et les conclusions chiffrées qui furent les siennes sont aujourd’hui plus que confirmées et même dépassées. Son travail de scientifique éminent a consisté à évaluer les besoins énergétiques mondiaux et , en face de ces besoins, à examiner les moyens d’y satisfaire, que ces moyens soient d’origine fossile, hydraulique, éolienne, solaire ou nucléaire.
Les énergies fossiles son polluantes et limitées à plus ou moins long terme à la fois sur la capacité et sur la disponibilité et M. Hulot a bien raison d’en rejeter l’utilisation. L’hydraulique, essentiellement les barrages hydroélectriques, sont très propres mais ont atteint leur potentiel de capacité dès aujourd’hui insuffisante. L’éolien est une illusion à cause de son efficacité aléatoire et de la pollution agricole qu’il génère. Qui sait qu’au pied de chaque pylône est enfuit un scellement de plus de 700 tonnes de béton dont la production à elle seule a consommé une bonne part de toute l’énergie que le générateur pourra produire dans sa vie. Ce caractère illusoire est partagé par le solaire dont les panneaux énergivores dans leur fabrication, obligent à détruire des montagnes en Asie et en Afrique pour trouver les terres rares qui sont leur composant clé. Aujourd’hui la question de leur déconstruction n’est toujours pas clairement réglée, c’est dire si l’information est actuellement biaisée.
Ces deux observations valent pour les accumulateurs téléphoniques ou ceux des nos voitures hybrides.
Reste le nucléaire qui n’est pas un choix mais un passage obligé. Faut-il en avoir peur ?
La froide raison (par opposition à la passion) nous dit que non.
Qu’est-ce qui fait que le nucléaire soit rejeté en bloc par un public mal informé et par notre nouveau ministre. La réponse est d’ordre passionnel. Ce dont on accuse cette filière est lié à son acte de naissance à Nagasaki et Hiroshima. Mais personne ne semble plus se souvenir qu’à la même époque un seul bombardement conventionnel de la vile de Dresde avait fait plus de victimes civiles que dans ceux des deux villes japonaises réunies (merci à Sir Winston inventeur du bombardement stratégique).
Aujourd’hui il fait très bon vivre à Hiroshima et à Nagasaki et peut-être à Dresde. Les filières nucléaires actuelles sont issues d’un besoin militaire pour un composant des futures bombes : le plutonium. Elles sont certes dangereuses lorsqu’elles sont mal conduites (voir Tchernobyl) ou construite dans des zones à risque (voir Fukushima), mais nos voitures automobiles ne le sont-elles pas, elles qui tuent chaque jour sur les routes du monde bien plus d’hommes femmes et enfant que l’ensemble des réacteurs électronucléaires implantés dans nos campagnes? A-t-on oublié les catastrophes du charbon (Marcinelles) et celles du pétrole (Amoco Cadiz et autres tankers). L’un des principaux problèmes de sécurité est lié à leur système de refroidissement à eau pressurisée qui est, en cas d’accident à l’origine de la dissémination des contaminations radioactives. Mais cette filière n’est nullement un passage obligé et il en est d’autres qui ne souffrent pas de ses défauts. Elles sont bien connues par les ingénieurs atomistes et sont à l’origines des futures installations chinoises et Indiennes. Aucun écologiste ne parle de ces possibilités, pour eux, c’est « pas de nucléaire d’aucune sorte na ! « . Il y a quelque chose d’infantile dans ce comportement pour le plus grand profit des industries pétrolière pourtant bien critiquables par exemple dans les exploitations dites « off shore ».
Tout cela, monsieur Hulot, ne pourra plus l’ignorer maintenant qu’il est ministre. Toutes les billes sont sur son bureau et il va bien falloir que le doux rêveur idéaliste qu’il fut en tienne compte et se mue en réaliste du long terme. Puisqu’il a également peur du carbone il se consolera peut-être avec l’excellente performance du nucléaire dans ce domaine.
Si une transition énergétique est nécessaire elle ne peut être que douce vers une filière nucléaire différente de l’actuelle EPR. C’est une imposture politique que de laisser croire au peuple qu’une solution tout renouvelable est possible et je voudrais penser que monsieur Hulot aura assez d’honnêteté intellectuelle pour l’admettre. Il gardera des éoliennes et du solaire là où les conditions géo-climatiques sont favorables et en en acceptant les vrais coûts d’exploitation mais il devra cesser d’en généraliser les implantations.
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