Moins les politiciens se montrent capables de résoudre les problèmes, plus ils se réfugient dans la mise en scène, confondant les deux sens du mot acteur et considérant les citoyens comme des spectateurs. Le service dit public de télévision s’est prêté docilement à cette évolution en offrant un duel entre la présidente du Rassemblement national et le ministre de l’Intérieur. Il s’est agi en fait d’un duo, où chacun pensait à son image plus qu’à la solution à apporter au problème central de l’émission : le séparatisme. Mme Le Pen voulait se crédibiliser en se montrant responsable et même consensuelle allant jusqu’à dire qu’elle aurait pu signer le livre du ministre. Son argumentation consistait à montrer que le projet de loi abandonnant le mot « islamisme » pour se blottir dans les mots éculés, vagues et confortables de « principes de la République », s’éloignait de l’intention contenue dans le livre, et faute de citer l’ennemi, mettait toutes les religions mal à l’aise. Son angle d’attaque distinguait au contraire « l’idéologie » islamiste des religions. Mais elle s’est abstenue de préciser comme le fait Zemmour que justement l’islam est davantage une idéologie qu’une religion parce que fondamentalement, dans ses textes originaux, il ne sépare pas la religion de la politique, de la morale publique et du droit. Cette retenue suivie d’un certain flou sur les chiffres a permis au ministre de souligner la mollesse et les approximations de son interlocutrice. Il avait lui bien appris ses fiches, mais c’était en fait son point faible que la députée est parvenue à faire apparaître avec le petit nombre d’expulsions réalisées par rapport à celles qui sont décidées : 12,6%. En fait tous les chiffres du ministre sont illusoires, car apparemment plus exacts que ceux de Mme Le Pen, ils voilent la réalité. Le nombre d’étrangers en France n’aurait pratiquement pas bougé ? Evidemment, puisque tous les ans, par de multiples moyens des étrangers deviennent français tout en demeurant pour certains titulaires d’une autre nationalité. En revanche, combien de ces nouveaux Français le sont dans leur comportement et dans leur attachement à la France ? C’est là la vraie question que le ministre qui n’ignore pas la réponse cache volontairement lorsqu’il rappelle que la majorité des auteurs d’attentats sont des nationaux. Oui, mais de quelle origine ? Lorsque le droit s’écarte à ce point du réel, c’est le droit qu’il faut changer, et notamment l’entrée des étrangers sur le territoire, les conditions d’acquisition et de retrait de nationalité.
Mais pour le ministre et la fabrication de son image, le spectacle ne finissait pas avec l’émission. Peu après il enclenchait la procédure de dissolution de Génération Identitaire. On comprend la manoeuvre : de même que le ministre a évité de stigmatiser uniquement l’islam et laissé entendre que des traditionalistes catholiques ou des protestants évangélistes pouvaient aussi présenter des risques, il fallait qu’il censure Génération Identitaire, hostile à l’immigration musulmane, comme il s’en était pris à Baraka City ou au CCIF, dissous récemment. Un détail lui a sans doute échappé : si des islamistes commettent des attentats contre les Français, aucun « identitaire » n’a commis d’attentat contre un Français, ni même contre un immigré. Ce désir d’équilibre hypocrite est un geste minable de politique politicienne qui instrumentalise le droit en même temps qu’il dénature la réalité. C’est du macronisme en marche pour la promotion personnelle du ministre dont l’arrivisme forcené est débridé. Clément Weill-Raynal observe que les militants de Génération Identitaire n’ont jamais été condamnés, ne prônent ni ne pratiquent la violence, contrairement aux groupuscules antifas ou aux Black-blocs auxquels on ne touche guère.
Beaucoup de médias ne s’offusquent pas de cette dissolution. Depuis longtemps, la pensée unique et le politiquement correct ont fait reculer la liberté d’expression en France et avec la complicité de nombreux « journalistes ». Cette fois, l’injustice et le caractère discrétionnaire de la mesure nous font totalement quitter le terrain de la démocratie et de l’Etat de droit. La liberté d’exprimer son opinion et de manifester pour la défendre sont des droits constitutionnels. Leur limitation a beau avoir été accrue, ni les idées, ni les actions de Génération Identitaire ne sont susceptibles de sanctions. Aucune haine raciale, puisque c’est contre l’immigration excessive et insuffisamment contrôlée que milite l’association, et non contre une ethnie particulière. Mais, l’islamophobie ne peut-elle leur être reprochée ? L’islam n’est pas une race, mais une religion. L’accroissement de sa présence sur notre territoire pose manifestement des problèmes. Le dire n’est pas un crime, mais une opinion. Celle-ci est-elle exprimée dans la violence ? Non. D’ailleurs la justice a récemment relaxé les membres de l’association pour leurs actions à Poitiers et dans les Alpes. Troublent-ils l’ordre public ? Même pas, puisque ces manifestations sont purement symboliques et évitent systématiquement un rapport de forces physique. On les accuse d’être une milice ? Sait-on ce que c’est ? Un groupe armé et en tenue reconnaissable cherchant à faire respecter sa loi à la place des forces de l’ordre, comme les guetteurs des quartiers perdus de la République ou le groupe tchetchène qui était venu attaquer ceux d’un quartier de Dijon. Génération Identitaire est exactement l’inverse : des groupes peu nombreux sans arme dressent un banderole dans le but de souligner symboliquement une carence de l’ordre public dans notre pays, le fait que les frontières ne soient pas gardées, que les migrants clandestins soient nombreux en certains lieux, que des manifestation racistes et clairement antifrançaises en même temps qu’hostiles à la police puissent se dérouler. Mais ils le font avec le sens du spectacle, et c’est cette concurrence intelligente que l’Etat macronien ne supporte pas !
Quelles que soient nos convictions sur l’islamisme ou l’immigration, la dissolution de Génération Identitaire signe une dérive du gouvernement actuel vers un Etat où le droit n’est plus le même pour tous, où le Français patriote se trouve stigmatisé davantage que celui qui déteste notre pays et le dit haut et fort en brandissant sa carte d’identité nationale. S’opposer à cette dissolution, c’est défendre la démocratie et l’Etat de droit ! C’est aussi défendre la France !
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Zeltner Philippe
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La politique gouvernementale actuelle consiste à accompagner le « grand remplacement » en divisant les citoyens au nom de l’unité: jeunes contre vieux, modernes contre conservateurs, élèves contre professeurs, riches contre pauvres, patriotes contre mondialistes, travailleurs privés contre fonctionnaires et assistés sociaux, tout ça en même temps… aux frais du contribuable abusé.. MERCI
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