Par Gérald Pandelon, avocat et universitaire.
Je crois qu’il existe au moins trois tendances qui se dégagent du premier tour de l’élection municipale, et ce sans attendre l’issue du 2ème tour qui, sur le fond, ne modifiera rien en substance.
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La première leçon de ce premier tour c’est la consolidation en France d’une démocratie de l’abstention qui repose sur une forme d’indifférence croissante d’une partie de l’électorat. Non seulement, en effet, les électeurs ont majoritairement le sentiment que l’offre politique ne se renouvelle pas mais, à mon sens, pire encore, que ladite offre n’est pas légitime. Elle n’est pas légitime pour régler les difficultés non seulement quotidiennes des français (baisse du pouvoir d’achat, insécurité croissante, pression fiscale confiscatoire, etc.), mais également ne produit plus cette forme d’illusion efficace qui permettait, en dépit des promesses non tenues et des mensonges à répétition sur à peu près tous les sujets, de susciter l’espoir. En cela, la portée de l’élection municipale dépasse le simple cadre politique local pour livrer une réelle tendance de ce qui pourrait advenir dans trois ans et, plus proche encore, lors des élections européennes du mois de juin où, conformément au mode de scrutin retenu, toute voix comptera. Ce qui devrait favoriser encore davantage, à n’en pas douter, le grand vainqueur de cette élection municipale, le front national.
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La deuxième leçon, étroitement corrélée à la première, c’est que les élites politiques ressemblent de moins en moins à la population qui les élit. En effet, si la France compte aujourd’hui moins de 15 % de femmes maires, le décalage entre les listes et les postes va perdurer, même si la situation va s’améliorer cette année. Non seulement des candidats se représentent alors qu’ils ont dépassé l’âge respectable de 75 ans mais ceux des jeunes qui se lancent dans l’aventure municipale sont souvent issus de familles d’élus, ce qui confine à une forme d’endogamie électorale qui exclut, in fine, des profils de métiers populaires lesquels se retrouvent discriminés de fait.
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Enfin, et c’est à mon sens, la troisième leçon de ce scrutin, c’est la sous-évaluation constante par les candidats des deux grands partis institutionnels (UMP et PS) de l’importante du FN, de sa progression. En effet, cette formation constitue, qu’on l’accepte ou qu’on le déplore, une force politique pouvant rivaliser avec les deux précédentes formations, ce qui sonne le glas de la bipolarisation de la vie politique française au profit d’une « tripolarisation » imparfaite.
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