J’avais un a priori positif pour Monsieur Blanquer. Il était pour moi le seul ministre de la Macronie qui tenait la route, ce qui est tout de même très important quand on est « en Marche ».
Le fait que Macron engage quelqu’un de compétent me surprenait un peu, mais après tout il fallait lui accorder le bénéfice du doute. Son projet paraissait bon, même si le programme Macron manquait d’envergure. On pouvait espérer qu’en piochant un bon spécialiste de l’enseignement, le programme allait s’étoffer.
Ça avait plutôt bien commencé avec le refus de la méthode globale, même si tout le monde sait que la méthode globale en tant que telle n’est plus appliquée que de façon marginale. Mais les méthodes actuelles, mélange de global et de syllabique, ne sont pas efficaces. Il avait donc raison. Même si le rôle du professeur reste déterminant, quelle que soit la méthode « officielle ».
Mais aussi sec, voilà qu’au lieu de parler autonomie des écoles, au lieu de supprimer les actuelles écoles de professeurs qui ne sont que des usines à propagande, au lieu de virer les pédagogues fous de l’EN, Monsieur Blanquer parle de rythmes scolaires, d’activités extra scolaires, de chorales obligatoires : toutes choses qui sont de la responsabilité du chef d’établissement, et éventuellement de la mairie, pas du ministre. Voilà qui ressemble furieusement à une application du principe de Peter : quand on ne sait pas faire son boulot, on botte en touche et on s’occupe à des activités marginales.
Je ne reviens pas sur l’argent injecté pour dédoubler les classes de ZEP car c’était une promesse du candidat Macron. Certes, cela doit soulager les enseignants aux prises avec 12 cas sociaux au lieu de 24, mais ça ne résoudra rien si la culture anti-française et la haine de celui qui réussit sont entretenues dans ces zones. Ça n’apprendra pas aux enfants à lire si on ne commence pas par leur apprendre à parler Français.
Il est maintenant question de réforme du bac. L’idée est de supprimer les filières et de faire un bac à la carte où dès le collège les élèves choisiront des options, qu’on peut appeler UV. Malheureusement les collégiens qui ont une idée précise de leur futur métier sont assez rares. Le risque de choisir les mauvaises options est énorme. Dans le meilleur des cas, ils feront donc les choix les plus généralistes possibles et on se retrouvera à la case départ, ou bien ils prendront sans discernement uniquement ce qui leur plaît.
Le but de cette réforme serait d’éviter que les mauvais élèves se retrouvent en L et les bons en S. Mais d’une part les bons continueront à privilégier les études qui les amèneront aux bonnes écoles, d’autre part, le nombre actuel d’options au bac est déjà considérable. Sans doute serait-il préférable de prendre enfin le problème à l’endroit : le collège unique et 80% d’une classe d’âge au bac, c’est stupide et ça n’aboutit qu’au nivellement par le bas et donc à la baisse de niveau de tous les élèves. Si Monsieur Blanquer a pour objectif de casser le système élitiste des classes préparatoires, c’est comme ça qu’il faut s’y prendre. Or mieux vaudrait sans doute revaloriser l’enseignement universitaire, qui serait parfaitement complémentaire des écoles, notamment pour la formation des chercheurs. Cela passe inévitablement par la sélection ! Quant aux élèves qui n’ont pas le niveau pour passer le bac, il serait plus qu’urgent qu’on puisse les orienter sur des formations professionnelles courtes dès le collège, et vers l’apprentissage. Cela n’a rien de dévalorisant. L’apprentissage est une excellente formation. Il n’y a pas de sot métier. Au contraire, un bon plombier sera plus utile à la société et mieux perçu qu’un mauvais philosophe.
Casser les écoles sans revaloriser l’université et sans écarter les cancres, c’est juste fabriquer de futurs chômeurs.
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