Les gardiens de l’immobilisme d’État qui tue la France à petit feu sont déchaînés contre François Fillon. Dès avant le premier tour de la primaire, on en était à l’ultra-libéral, aujourd’hui le méchant réac arrive, dans les 24 heures François Fillon aura été estampillé fasciste. Au moyen d’une couverture burlesque de Libération, ou d’un Monde titrant sur le poujadisme, la gauche, comme on s’y attendait, a déclenché l’artillerie lourde. Elle est, il est vrai, enhardie par le succès qu’elle considère avoir engrangé au premier tour : sans les bataillons de militants socialistes qui n’ont pas hésité à signer la charte des valeurs de droite, François Fillon aurait déjà été désigné à plus de 50 % devant Nicolas Sarkozy, pas devant Alain Juppé.
Rien de surprenant et, à la limite, plutôt mobilisateur, à l’instar des horreurs qu’ont diffusées déjà depuis plusieurs jours des professionnels de la haine tels que Mediapart. Ce qui l’est et qui confine à l’ignominie est qu’Alain Juppé et ses troupes enfourchent les mêmes haridelles fourbues de la stigmatisation de la droite qui ne soit pas de gauche, n’hésitant pas à préparer, au mot près, toute la campagne que mènera la gauche contre François Fillon aussitôt qu’elle en aura fini avec sa propre primaire. Les troupes juppistes ne vont d’ailleurs pas tarder à recevoir le renfort de Bayrou dont l’égotisme n’a pour seul et constant objectif que de faire preuve de la plus forte capacité de nuisance à la droite.
Cette prétendue droite qui injurie François Fillon n’est pas venue de nulle part. Elle est le réceptacle d’un chiraquisme enfin moribond qui, depuis 40 ans, à travers ses multiples avatars, n’a eu de cesse de faire dévier la droite française vers la gauche avec, hélas, d’incontestables succès : pêle-mêle, rappelons que c’est Chirac qui a fait battre Valéry Giscard d’Estaing ; que c’est lui qui a fait la courte échelle à Mitterrand pour lui faire remporter le referendum sur le traité de Maastricht de 1992 qui est la cause de bien des avanies que connaît la France aujourd’hui ; qu’il a dissous volontairement une majorité pour donner le pouvoir à Lionel Jospin ; qu’il a tripoté la constitution dans tous les sens pour tuer les élections législatives et y instaurer des hochets de gauche tels que le principe de précaution ou la parité ; ce sont, enfin, les troupes chiraquiennes qui se sont mobilisées en masse en 2012 pour se débarrasser de ce “gêneur” de Sarkozy au profit de Hollande.
À la veille du second tour de la primaire, le chiraquisme moribond s’hystérise et hurle avec la gauche en lui servant sur un plateau sa future campagne ; à base d’intoxication et en espérant le renfort de tout ce que la France compte de protégés et de bénéficiaires d’un système qui a ruiné le pays, il se mobilise pour continuer à chiraco-hollandiser en paix et que surtout rien ne bouge et que se poursuive la lente descente vers l’abîme.
Mais, comme disait Talleyrand, tout ce qui est excessif est insignifiant, à commencer par ce ridicule poncif d’accusation d’ultra-libéralisme à l’encontre de quiconque constate qu’avec 57 % du PIB consacré à la dépense publique, la France détient le record du monde et qu’elle n’a d’autre choix que de la réduire. En réalité, comme le disent les experts, le programme de François Fillon est le minimum nécessaire pour enrayer la spirale du déclin et, avant tout, éviter la faillite instantanée qui guette le pays si, par malheur, les taux d’intérêt venaient à grimper. Deux chiffres suffisent à expliquer l’ampleur du désastre. En 2012, après le cataclysme de la crise financière de 2008, la dette de l’État représentait les deux tiers du PIB de la France. Aujourd’hui, elle est équivalente. Elle a donc doublé en moins de cinq ans. Dans une note de conjoncture d’Oddo Securities, il est simplement indiqué que le programme de François Fillon n’est « ni plus ni moins que celui de la CDU/CSU » actuellement au pouvoir en Allemagne en coalition avec les socialistes. C’est aussi, et cela doit parler aux Français, bien plus modeste que ce qu’avait préparé Jacques Rueff pour le Général de Gaulle en 1958.
Quant aux allusions à la France moisie, elles déshonorent ceux qui les portent, sans parler de ce débat sur l’avortement lancé par Alain Juppé lui-même qui, de toute évidence, a, une fois encore, perdu ses nerfs. Une seule réponse à tout cela : François Fillon doit amplifier massivement son résultat de dimanche dernier, c’est la seule façon de modérer la mauvaise foi mortifère des derniers suppôts du chiraquisme. La mobilisation doit d’autant moins faiblir qu’Alain Juppé et ses troupes appellent sans vergogne les électeurs de gauche à leur rescousse.
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