La vérité oblige à attribuer une influence négative aux instituts de sondage, fût-ce à leur corps défendant. Marine Le Pen progresse dans les sondages au détriment d’Éric Zemmour, justement parce qu’elle progresse, mais ni du fait de ses mérites ni du fait des erreurs supposées de son concurrent. Que des hésitants volent au secours du mieux placé peut, à la rigueur, faute d’une conviction arrêtée, se comprendre. Il est infiniment plus critiquable que des soutiens, voire des militants expérimentés, se laissent aller à renier un vote de conviction pour confondre arithmétique et politique. On est consterné d’apprendre que l’ancien député UMP de l’Aube et maire de Brienne-le-Château jusqu’en 2020, Nicolas Dhuicq, annonce son ralliement à la candidate RN après avoir soutenu Éric Zemmour. Au moins, on ne pourra pas lui reprocher d’être rancunier, lui
qui, en 2017, avait été la victime de la seule triangulaire sur 577 élections législatives, justement parce que le candidat RN s’était maintenu au second tour, sur l’insistance expresse de Marine Le Pen, garantissant l’élection du candidat macroniste. Ces désertions sont alimentées, au gré des études d’opinion, par la crainte d’un second tour opposant Macron à Mélenchon. En admettant même que le risque existe, se pose-t-on la question du devenir d’une candidate incapable, à sa troisième tentative, de se qualifier pour un second tour face au sortant le plus contesté de toute la Ve République alors qu’elle l’avait été en 2017 en l’absence de candidat sortant ? poser la question c’est y répondre : si elle ne se qualifie que par défaut en asséchant ses concurrents anti-Macron, elle n’aura aucune chance d’être élue.
Foin des calculs d’apothicaire sur des tableurs excel ! ceux qui ont peur de Mélenchon au point d’abandonner Éric Zemmour, feraient bien de raisonner en termes politiques. La politique est une affaire de dynamique électorale. Éric Zemmour avait enclenché cette dynamique en présentant sa candidature autour de son projet de sauvetage de la France. Cette dynamique n’est pas éteinte, les sondeurs ne le contestent pas : les questions posées par Éric Zemmour reçoivent l’assentiment de trois Français sur cinq, voire des deux tiers d’entre eux. Si tel n’était pas le cas, nous n’assisterions pas au phénomène extraordinaire et inédit, tout au moins en France, d’un candidat hors politique, capable de faire adhérer moyennant finances, plus de 120 000 personnes en deux mois, et en mesure d’accéder au second tour. Mais ce phénomène, nul n’en parle, là aussi par effet pervers des études d’opinion. On ne raisonne pas en fonction de ce fait, mais uniquement au regard du recul dans les sondages par rapport à l’explosion instantanée de ceux-ci à l’automne dernier.
La réalité est qu’Éric Zemmour est en passe de supplanter la candidate du parti censé représenter la droite française depuis 1958. L’événement mérite qu’on s’y attarde justement parce que le candidat Zemmour incarne le retour de celle-ci à une idée de la France et de son destin. La France a une chance inespérée de se reconstruire un avenir au-delà des querelles de chapelle et des calculs arithmétiques vains et pitoyables. Pour cela, Éric Zemmour doit mobiliser la masse d’électeurs la plus vaste possible et distancer largement la candidate LR, formation qui ne sera plus qu’un pseudopode du macronisme. Quant à son éventuel accès au second tour, il est la garantie de la victoire contre Macron parce qu’il est le seul à incarner une vision de la France. Rappelons au passage que les sondeurs eux-mêmes sont les premiers à reconnaître que les projections de second tour avant que le premier ne se soit tenu, n’ont rigoureusement aucune pertinence.
Au cas où Marine Le Pen serait qualifiée, elle ne serait élue qu’à la condition justement qu’elle puisse bénéficier d’un réservoir de second tour le plus lourd possible. Nous assisterions au second match retour de la Ve République après celui de 1981. Mitterrand avait dépassé 43 % des suffrages exprimés au premier tour de 1974, quasiment les performances de Georges Pompidou et de Charles de Gaulle aux deux élections précédentes. Il fut pourtant battu par Valéry Giscard d’Estaing. Mais Mitterrand l’emporta en 1981 alors qu’il ne fut que deuxième avec moins de 26 % des suffrages au premier tour. Pourquoi ? parce que la dynamique était de son côté et qu’il disposait d’énormes réserves de voix. Ces exemples, et on pourrait parler de 1995 ou de 2002, sont une deuxième preuve de l’inanité des primaires, la première étant qu’elles n’ont fonctionné qu’une seule fois par hasard en 2012, parce que le sortant suscitait plus de rejet que le vainqueur ne suscitait d’adhésion.
Voter Le Pen au premier tour par conviction c’est parfait. Mais le faire au détriment d’Éric Zemmour par crainte d’une qualification de l’extrême-gauche consiste à se jeter à l’eau par crainte de la pluie. Si Lionel Jospin n’a pas pu se qualifier en 2002, ce n’est pas la faute des autres candidats de gauche. Les électeurs n’en voulaient pas et il aurait été battu par Chirac. D’ailleurs, personne n’a reproché à Nicolas Dupont-Aignan d’avoir empêché François Fillon d’accéder au second tour en 2017. En l’absence de celui-là, celui-ci aurait probablement été qualifié effectivement ; mais il n’aurait eu aucune chance de battre Macron parce que la dynamique était du côté de celui-ci. Le sabotage par les médias et les juges est une autre affaire.
Le seul vote utile est le vote de conviction. Au premier tour, on choisit, au second on élimine. Sans hésitation, pour l’avenir de la France, il faut voter Éric Zemmour.
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Martine MOUGIN
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MERCI Ma décision était :..Je VOTE Zemmour .. JE VOUS LE CONFIRME
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