Les vingt-sept pays de l’Union européenne hors le Royaume-Uni s’apprêteraient, dit-on, à capituler devant les exigences du Premier ministre britannique, sous peine que celui-ci ne défende plus le maintien de son pays dans l’Union européenne. Et, parmi les exigences de Cameron, il y a, par exemple, celle de rester en dehors de la zone euro tout en ayant un droit de regard sur son fonctionnement. Et puis quoi encore ? serait-on tenté de dire. Pour grossière qu’elle soit, cette exigence n’a rien de nouveau. Elle n’est qu’un épisode du sabotage constant de la construction européenne que le Royaume-Uni a engagé il y a quarante-trois ans, lorsque la France de Georges Pompidou avait eu la mauvaise idée de laisser entrer le loup dans la bergerie.
L’Europe du Traité de Rome, la CEE, avait le projet politique clair de bâtir une confédération à partir du noyau des six pays fondateurs, Allemagne, Benelux, France, Italie. Simultanément, la Grande-Bretagne lançait l’AELE, Association européenne de libre-échange, avec les autres pays d’Europe de l’Ouest. Sur le papier, l’AELE n’existe pratiquement plus puisqu’à l’exception de la Norvège, de la Suisse et du Liechtenstein, tous ses autres membres ont rejoint la CEE, devenue l’UE. Mais la réalité est inverse : c’est la CEE qui est devenue une AELE, lestée d’institutions inadaptées pour elles, parce que conçues pour une vraie confédération.
La Grande-Bretagne a réussi à faire prévaloir sa vision d’une Europe simple zone de libre-échange, la plus large possible. En jouant avec des outils institutionnels inadaptés, le reste de l’Europe croit avancer alors que, faute de réelle intégration, ils sont plus nuisibles qu’utiles. Quelques exemples :
- l’euro sans harmonisation des législations sociales transfère la variable d’ajustement sur l’emploi : le plein emploi aux pays vertueux, le chômage de masse aux autres.
- Des élections prétendument européennes mais qui ne servent à rien. Par définition, le Parlement est contraint d’avoir toujours la même majorité, PPE/PSE. C’est le seul moyen qu’on ait trouvé pour que la Commission, composée de fonctionnaires nommés par les États membres, ait son investiture.
- Un haut représentant de l’Union pour les Affaires étrangères qui ne sert à rien puisqu’il n’y a pas de politique de défense commune aux États. En l’occurrence, il vaut peut-être mieux, puisque pour la deuxième fois de suite, on choisit une femme communiste, une Anglaise d’abord, faut le faire, une Italienne ensuite.
- Le traité de Schengen avait été conclu pour garantir la libre circulation à l’intérieur d’une zone protégée dont la Grande-Bretagne s’était exclue. Il est mort et enterrée mais le plus stupéfiant est l’apathie de la France. Victime de ces accords à Calais comme à Dunkerque, notre pays continue à faire le sale boulot au profit des Anglais et s’apprêterait à capituler encore davantage devant eux.
Et tout est à l’avenant. On a mis la charrue devant les bœufs en élargissant la CEE au Royaume-Uni avant que les instruments institutionnels aient été mis en place, le sabotage était en route.
Premier instrument du sabotage, l’élargissement à tout va, de préférence à des pays qui ne sont pas au niveau : le Royaume-Uni a toujours soutenu l’entrée de la Grèce, de la Bulgarie, de Chypre et aujourd’hui, de la Turquie. pourquoi pas tant qu’on y est ? plus une zone de libre-échange est vaste, mieux ça vaut.
Instrument suivant, le refus de participer aux outils institutionnels. Après le traité de Schengen qui ne s’applique pas aux Britanniques, le traité de Maastricht prévoyait la monnaie unique et la charte sociale : les Britanniques s’en sont exemptés. Mais auparavant, Margaret Thatcher avait réussi à imposer aux Européens que la Grande-Bretagne paie moins que son dû à l’Europe.
Et, aujourd’hui, on voit les dirigeants européens faire semblant d’être tétanisés à l’idée que le Royaume-Uni s’en aille. Pourquoi ? mystère et politiquement correct. Seul un retraité qui ne craint plus le qu’en dira-t-on médiatique, a osé dire la vérité. Le 27 décembre dernier, Michel Rocard déclarait à L’Opinion : « L’Europe ne pourra être relancée sans que les Anglais en sortent ». Et si cette déclaration, évidente, pour qui a un minimum de bonne foi, a été enfouie sous le boisseau, ce n’est certes pas parce qu’elle a été proférée en pleine trêve des confiseurs.
L’Union européenne, leurs institutions, leurs dirigeants qui d’ailleurs ne s’expriment plus que dans un infâme sabir globish, vaguement issu de l’anglais, est devenue ce que la Grande-Bretagne a voulu : une zone de libre échange pour elle, un monstre bureaucratique et technocratique pour les autres, si entravé qu’il ne lui fait pas d’ombre. La City fait ses affaires dans le grand large mondialisé, et bloque, par son omniprésence, à travers fonctionnaires et lobbyistes, tous les rouages de l’Union européenne.
Il est temps de dire la vérité : l’Union européenne a tout à gagner à la sortie de la Grande-Bretagne. Si, toutefois, il n’est pas trop tard car, quatre décennies de sabotage britannique ont produit leurs effets : les eurosceptiques prospèrent et le rêve des fondateurs s’est largement évanoui. Quant au Royaume-Uni, contrairement à ce que Cameron et les idiots utiles prétendument européens essaient de nous faire croire, il s’en portera très bien aussi.
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Adele
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Philippe Ducourneau
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Bien que ma sensibilité serait plutôt de gauche que de droite, je suis tout à fait d’accord avec votre analyse. Les Anglais sont un peuple d’insulaires dont la mentalité est incompatible avec la solidarité européenne. Churchill disait déjà qu’entre les États-Unis et l’Europe, l’Angleterre choisirait toujours les États-Unis et cela s’est vérifié au moment de la guerre d’Irak. De Gaulle le savait bien qui faisait barrage à l’entrée de la Grande-Bretagne dans le marché commun. Dommage, soit dit en passant, que votre M. Sarkozy ait jugé bon de replacer la France au sein de l’OTAN. La France aurait très bien pu aussi s’en passer. Bien cordialement
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Tarick Dali
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Merci de votre commentaire. J’avais approuvé, à l’époque, le retour de la France au sein du commandement intégré de l’Otan. Mais, selon moi, l’Otan n’ayant pas été dissoute après la dissolution du Pacte de Varsovie, elle devait poursuivre sa vocation initiale qui est, à mon sens, de défendre l’Occident et nos valeurs qui, en 1949, lors de la fondation de l’Alliance, étaient menacés par le communisme et l’URSS. D’ailleurs, Boris Eltsine n’était pas hostile à l’engagement de la Russie dans l’Alliance atlantique. Bill Clinton n’a même pas daigné répondre à l’époque. Le problème est qu’Obama continue à confondre Union soviétique et Russie et continue à croire que la Turquie est toujours kemaliste et pro-occidentale. Je ne pense pas que ce soit l’Otan qu’il faille montrer du doigt mais la politique étrangère américaine qui, de toute évidence, préfère continuer à s’appuyer sur l’Arabie Séoudite et l’Islam contre un ennemi qui n’existe plus.
Selon moi, l’Otan et une solidarité occidentale, européenne et chrétienne, ont encore un sens à condition qu’on mette les choses au clair : la Russie n’est pas notre ennemi, la Turquie et les Etats-Unis doivent choisir leur camp. Et si l’Otan se redéfinit dans ce sens, les pays d’Europe centrale et orientale n’auront plus à être inconditionnellement pro-américains par crainte de la Russie. Mais si cet aggiornamento de l’Otan n’est pas engagé et si, dans l’immédiat, la Turquie continue à se foutre ouvertement de nous, il faudra quitter l’Alliance. Je suis entièrement d’accord avec vous.
J’en profite pour vous annoncer, en avant-première, que l’Ambassadeur de Russie, animera un dîner-débat à l’invitation de La Droite Libre, le 29 mars prochain, à Paris, en compagnie d’Yvan Blot, auteur de « La Russie de Poutine ». Vous trouverez dans quelques jours les informations nécessaires si vous souhaitez être présent.
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