Par Christian Vanneste, Président de La Droite Libre
Zemmour a une difficulté avec son temps : c’est un raisonneur. Il devrait pourtant savoir que l’idée, la logique, le discours sont démodés, totalement obsolètes. Seule compte l’émotion. Seule l’image a un impact. La conscience collective ou l’opinion publique n’ont plus de suite dans les idées. Bousculées chaque jour par des événements qui brisent la continuité, elles réagissent au coup par coup, de façon contradictoire et dans la division.
La photo truquée d’un enfant mort sur une plage va soulever la compassion en faveur des migrants et justifier, dans les esprits, l’ouverture à leur accueil. Un attentat ou une agression sexiste plus loin, le rejet des migrants devenus des envahisseurs va refermer les portes. Dans cette confusion, les sentiments les plus hypocritement joués valent mieux que les démonstrations les plus solidement étayées. Aujourd’hui, toute thèse à la fois structurée et originale est suicidaire pour son auteur car elle va affronter le tir croisé des préjugés.
Dire que l’islam est incompatible avec notre société, c’est affronter la bien-pensance qui désigne aux regards l’immense majorité des musulmans immigrés qui vivent normalement et qu’on ne doit pas amalgamer avec les fanatiques.
Dire que ces derniers sont respectables parce qu’ils sont capables de mourir pour leurs idées alors que nous ne le sommes plus, c’est s’exposer à la colère légitime des innocents qui ont subi cette violence, c’est paraître faire l’apologie de ceux que la société a désignés comme le mal absolu.
Comment a fait Zemmour pour se retrouver quasi-complice du djihad, lui qui passait hier encore pour un islamophobe enragé ? Dans les deux cas, le dérapage dont on l’accuse tient paradoxalement à sa volonté de raisonner en droite ligne. Au lieu de répéter bêtement que l’islam est une religion de paix et d’amour, tout en peinant à expliquer pourquoi tant de ses adeptes se livrent à des actes monstrueux, Zemmour a lu les écrits qui constituent la Sunna, la tradition, le Coran, les hadiths, et s’est intéressé à l’histoire de la religion musulmane.
Il en a déduit très logiquement que la violence n’y était pas accidentelle mais essentielle, et que les djihadistes d’aujourd’hui, certes minoritaires par rapport à la masse des musulmans, sont néanmoins non des hérétiques, mais au contraire des gens qui suivent à la lettre les préceptes initiaux de la religion, fondée sur un texte que nul n’a le droit de changer. Ce rappel est blessant pour beaucoup de musulmans qui n’ont pas lu les textes davantage que ne le lisent les catholiques « à gros grains », mais il jette une lumière crue sur la réalité à laquelle nous sommes confrontés.
C’est avec la même cohérence dérangeante qu’aujourd’hui l’essayiste, un rien provocateur, dit que les terroristes islamistes sont respectables parce qu’ayant des idées, ils sont capables de mourir pour elles. Difficile d’admettre ce respect quand, sans idées politiques ni croyances religieuses, on a vu mourir un de ses proches sous les roues d’un camion un soir de feu d’artifice qu’on voulait montrer à ses enfants.
En fait, Zemmour a eu le tort de n’avoir pas témoigné de compassion pour les victimes parce que sa pensée est tout entière tournée vers les causes et non vers les conséquences. En fait, dans sa vision de l’islam comme dans son respect pour les terroristes, Zemmour se veut surtout le contempteur de notre société inapte à percevoir avec lucidité l’ennemi qui la menace et tout aussi incapable de se battre contre lui avec le courage dont il fait preuve.
Zemmour aime tellement peu les terroristes qu’il voudrait que nous soyons sans faiblesse à leur égard. Mais son raisonnement se brise alors sur deux obstacles élevés dans l’opinion formatée au « politiquement correct » par les médias : d’une part, tous les musulmans ne sont pas comme ça et, d’autre part, en respectant les terroristes, vous insultez les victimes.
Des associations spécialisées dans l’inquisition contemporaine vont le traîner devant le tribunal pour apologie du terrorisme. Penser justement, mais un peu trop sèchement, fait de vous aujourd’hui un délinquant potentiel.
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