Tandis que nos compatriotes bloqués dans les gares ont eu tout le temps de lire une presse tournée vers le Brésil, les pages économiques nous ramènent à la triste réalité. Dire que le rapport de la Cour des comptes publié cette semaine est inquiétant serait très en dessous de la réalité : les déficits ne sont pas tenus, la croissance est moins forte que prévue, la dette continue de s’envoler, et l’efficacité des réformes sérieusement mise en doute. Le rapport prévoit pour cette année un déficit aux alentours de 4%, une dette publique de 2.000 milliards d'euros, même si la croissance atteint 1% et si les objectifs de déficit du programme de stabilité sont atteints. Les rentrées fiscales sont surévalués de 2 à 3 milliards d'euros. La Cour souligne que les économies annoncées par le gouvernement sont peu documentées voire incertaines. Les prévisions de dépenses publiques devraient, elles aussi, dépasser les objectifs. L'assurance chômage est principalement mise en cause ainsi que les dépenses des collectivités locales. Tout cela, nous le savions. Mais quand c’est Didier Migaud, ancien député socialiste et conseiller de Martine Aubry, qui le dit, cela prend une autre dimension. Pourtant, ce n’est pas la première fois que ce dernier tire la sonnette d’alarme et ses rapports ont, jusqu’à présent, fini dans les corbeilles à papiers de l’Élysée et de Matignon.
Mais revenons aux trains. La SNCF a été très active sur les réseaux pour souligner la mobilisation de ses agents non grévistes (?), et essayer de répondre aux incessantes questions des clients. « Pepy fait de la résistance » pourrait être notre autre titre pour résumer l’actualité de la semaine. Les efforts du patron de la SNCF et le soutien du gouvernement auraient pu marquer un changement d’attitude longtemps espéré vis-à-vis de syndicats qui, en annonçant hypocritement qu’ils « défendent le service public », s’accrochent à des privilèges d’un autre âge.
Malheureusement, Manuel Valls n’est pas Margareth Thatcher et, si la réforme de la SNCF finit par passer, elle sera très loin de suffire à équilibrer les comptes et à mettre fin aux exorbitants privilèges des salariés de la SNCF. Car, derrière une restructuration inévitable, ce qui inquiète surtout les syndicats, c’est la défense de conditions de travail et de retraite qui deviendront autodestructives lors de l’entrée de concurrents dans ce marché. Une concurrence rejetée par le Front National qui confirme ainsi son ouverture à gauche. Quant à Guillaume Pepy, s’il a fait un effort de communication, nous lui reprocherons surtout de ne pas avoir su organiser un service minimum alors qu’un très faible pourcentage de ses troupes étaient en grève. Rappelons que les employés de la SNCF partent en retraite à 55 ans et même 52 pour les « roulants » et qu’il aurait dû être possible de ramener suffisamment de jeunes retraités, moyennant compensation, pour faire rouler les trains. Mais le 20heures de TF1 a beau changer son vocabulaire en appelant « clients » les victimes de ce chantage, le gouvernement, la SNCF et tous les autres continuent de les considérer comme de simples « usagers », sans autre droit que de payer et d’attendre sur les quais. Et, si les syndicats n’ont pas obtenu le retrait de la loi, on leur a quand même promis que les futurs embauchés conserveraient les mêmes privilèges que leurs aînés, pavant ainsi la route vers une faillite assurée.
Les médias continuent leurs attaques contre l’UMP, qui n’a malheureusement pas besoin de cela pour s’autodétruire, en nous faisant découvrir que Christian Jacob, président du groupe parlementaire UMP à l’assemblée, avait octroyé un prêt de 3 millions d'euros au parti, en 2012. Rien d’illégal apparemment mais une « affaire » de plus concernant l’UMP, alors que rares sont les médias qui parlent du procès qui s’est ouvert au tribunal correctionnel de Paris concernant des malversations de la Caisse centrale des activités sociales (CCAS), le puissant comité d'entreprise d'EDF-GDF. Seize prévenus, onze personnes physiques et cinq personnes morales, dont la CGT et la société du journal L'Humanité, sont accusés d'avoir participé à un détournement de fonds de la CCAS, le plus grand comité d'entreprise de France doté d'un budget annuel de 400 millions d'euros, pour financer des prestations au profit notamment du parti communiste et de la CGT.
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