Semaine 14.12
On peut reprocher beaucoup de choses à Vladimir Poutine mais pas d’avoir caché ses intentions. Dès le début des discussions sur le rapprochement de l’Ukraine avec l’Union Européenne, le président russe a exprimé son désaccord, allant même jusqu’à offrir d’aider les Ukrainiens pour leur éviter la faillite. Il a ensuite dénoncé les émeutes de Kiev et logiquement refusé de reconnaître le nouveau gouvernement. Abandonner la Crimée aux mains d’un nouveau pouvoir qui lui était hostile ne lui semblait pas possible, pour des raisons géopolitiques que nous avons longuement expliquées. Les Criméens, en majorité russophones, ont approuvé leur rattachement à la Fédération de Russie au cours d’un référendum certes contestable, mais qui a le mérite de donner un semblant de légitimité à ce qui est une annexion pure et simple. Lors de la confirmation par les deux chambres du Parlement russe de ce rattachement, Poutine a déclaré : « nous ne voulons pas la division de l'Ukraine, ne croyez pas ceux qui vous disent qu'il y aura d'autres annexions », faisant allusion notamment à l'est de l'Ukraine, forte de nombreux russophones.
S’il s’en tient là, il est probable que les gesticulations occidentales – essentiellement gel d’avoirs de personnalités proches de Poutine – ne déboucheront sur rien. Les sanctions économiques que brandissent les USA, l’Allemagne ou la Grande Bretagne coûteraient plus cher à ces pays qu’à la Russie. Quant à la France, ce serait elle qui en souffrirait sans doute le plus. A commencer par l’annulation de l’achat des deux navires Mistral prêts à être livrés à la Russie et surtout la recherche d’une nouvelle source d’approvisionnement en gaz. Il serait paradoxal que notre gouvernement rose-vert fasse appel au gaz de schiste américain alors que nous venons de refuser aux yankees tout forage sur notre sol.
Mais s’il est peu probable de voir les troupes russes envahir l’est ukrainien, Moscou attise les inquiétudes sincères d’une partie de la population orientale et prône la « fédéralisation, seule solution pour surmonter les divisions du pays ». Déjà, le conseil régional de Lougansk, dans l'est de l’Ukraine, réclame un référendum sur l’autonomie. En réalité, il s’agit d’empêcher Kiev d’engager toute politique ne convenant pas aux intérêts du Kremlin.
La France n’est pas la Russie. Mais la popularité de Poutine, qui a dû céder son siège pendant quatre ans avant de revenir aux affaires, doit donner des idées à Sarkozy pour 2017. Cela donne également des idées à ses adversaires qui font feu de tout bois pour lui barrer la route. La presse hostile à l’ancien président et nombre de juges prêts à tout pour le discréditer ont mis en œuvre tous les moyens à leur disposition pour éviter son retour. Ce sont des enregistrements de conversations privées avec ses avocats qui, au cas probable où ces écoutes seraient déclarées illégales, sont transmis à la presse pour s’assurer de la plus large diffusion possible. Le mal est fait, il chemine, il s’avance, et rien ne pourra désormais le réparer, même si Nicolas Sarkozy est sorti de son mutisme pour s’indigner des méthodes employées pour empêcher son retour sur la scène politique; retour qu’il continue pourtant à dire ne pas souhaiter.
La France a accusé en janvier un déficit courant de 3,9 milliards d'euros en raison d'échanges de biens lourdement déficitaires, a annoncé lundi la Banque de France, indiquant que l'adoption d'une nouvelle méthodologie internationale empêchait les comparaisons avec les mois précédents.
Le déficit des échanges de biens en janvier, plus couramment appelé le déficit commercial, a atteint 5,1 milliards, alors qu'il se serait monté à 5,9 milliards selon l'ancienne méthode, a précisé la Banque de France. Plus encore que les déficits du budget, de la Sécurité Sociale ou du régime des retraites, ce déficit commercial souligne à quel point la France a perdu toute compétitivité. Le pacte dit « de responsabilité », même s’il voit le jour, ne devrait pas y changer grand-chose : trop peu, trop tard !
Malgré les manœuvres de diversion mises en place par le pouvoir afin de cacher son incompétence, le premier tour des élections municipales a vu un taux de participation à peine un peu plus faible qu’en 2008. Sans surprise, ce premier tour a vu une poussée du Front National. Les médias y voient le rejet des deux partis principaux. Pour le PS, ce rejet reflète bien évidemment l’opinion générale de nos citoyens envers la politique menée par le gouvernement, comme les cotes de popularité de François Hollande et de Jean-Marc Ayrault ne cessent de nous le rappeler. Il est clair toutefois que les suffrages exprimés perdus par la gauche ne se sont pas tous retrouvés sur les listes de l’UMP et de l’UDI. Les « affaires » montées contre Sarkozy et les dissensions au sommet de l’UMP n’en sont pas les seules causes. Il est clair qu’un grand nombre d’électeurs n’ont pas oublié leurs griefs envers le quinquennat précédent.
Le deuxième tour verra sans doute quelques triangulaires dont sortiront plusieurs maires frontistes. L’occasion pour le FN de montrer ce qu’il sait faire. Mais surtout, le FN aura de nombreux Conseillers municipaux dont le rôle risque de se montrer délicat. Nous y reviendrons.
La bonne nouvelle de la semaine nous vient des chantiers STX France. L'armateur italo-suisse MSC Croisières les a choisis pour faire construire ses deux prochains paquebots géants, avec une option pour deux paquebots supplémentaires. Une commande qui atteint 1,5 milliard d'euros et qui atteindrait 3 milliards si l’option était levée. Seule ombre au tableau : les syndicats regrettent les sacrifices consentis par les employés des chantiers afin de présenter une offre compétitive. Mais, en même temps, une démonstration de ce qu’il faut faire pour gagner des marchés.