Il y a un quart de siècle, lorsque le rideau de fer s’ouvrit, d’abord entre l’Autriche et la Hongrie, le président français, François Mitterrand, avait laissé passer le train de l’Histoire, privilégiant l’acharnement thérapeutique sur la dictature fantoche est-allemande pendant que le chancelier Helmut Kohl, lui, négociait avec Gorbatchev, la réunification de l’Allemagne.
25 ans plus tard, l’héritière directe de Kohl, Angela Merkel, poursuit le dialogue avec Vladimir Poutine pour éviter le pire au cœur de l’Europe. Euripide nous contait jadis dans Iphigénie en Tauride, que tout étranger s’y aventurant, devait être mis à mort. La Tauride s’appelle aujourd’hui Crimée ; elle n’a pas, naguère, porté chance à Napoléon III. Elle ne portera pas chance à Hollande, héritier de Mitterrand, qui poursuit une diplomatie tout aussi lamentable que celle de son aîné pour n’avoir pas davantage compris l’Europe centrale.
Il en est à suivre les moutons de panurge qui décrivent Vladimir Poutine en effroyable dictateur. Auto-érigés en grands démocrates, les troskos, les stals, les maos, toute la racaille de la guerre froide qui s’est toujours trompée sur tout et n’avait jamais manqué de mansuétude envers la dictature, la vraie, celle de l’Union soviétique, refusent l’autodétermination à la Crimée. C’est vrai que s’étant trompés sur tout, ces gens-là ne font que persévérer dans l’erreur.
Le problème est qu’à l’époque, les méchants bourgeois capitalistes ne partageaient pas cet aveuglement et dénonçaient l’empire du mal. Rien de tel aujourd’hui ! dans sa grande majorité, l’UMP, véhicule politique inutilitaire, s’aligne sur le catastrophique Hollande. Lequel s’aligne sur les ineffables donneurs de leçons BHL et Cohn-Bendit, pour mettre le feu à l’Ukraine et provoquer une guerre civile en Europe centrale. Il a ainsi été décidé une fois pour toutes que Vladimir Poutine, élu pour six ans au suffrage universel depuis 2012, et dont la cote de popularité auprès du peuple russe est à peu près le quadruple de celle de Hollande, était un personnage épouvantable qu’il fallait isoler et humilier. Moyennant quoi, on refuse les réalités.
La Crimée a été rattachée à l’Ukraine en 1954 par Nikita Khrouchtchev, grand maître du Parti communiste de l’Union soviétique, sans qu’il ne demande l’avis de personne et surtout pas des Ukrainiens ni des Tatars que Staline avait déportés. Ce qui n’avait rigoureusement aucune importance, puisque la Crimée restait un territoire du même État, l’Urss.
Lors de la dislocation de la dictature soviétique, la Crimée est restée dans une Ukraine devenue indépendante. Est-ce une raison suffisante pour qu’à Paris ou à Bruxelles, on décide que les habitants n’ont pas le droit à l’autodétermination ? qu’en pense, par exemple, Taubira qui exige de la France qu'elle se repente de l'époque coloniale ? Elle a oublié que l’Union soviétique était le dernier empire colonial au monde. Donc, selon Taubira, Hollande, BHL et consorts, non seulement l’Union soviétique colonialiste, contrairement à la France, n’a rien à se faire pardonner, mais les frontières qu’elle a dessinées doivent être immuables bien après sa disparition et, surtout, les peuples n’ont pas le droit de choisir.
Abandonnant Hollande et la fantomatique Catherine Ashton à la minuscule place qui est la leur, Angela Merkel et Vladimir Poutine peuvent s’entendre pour, qu’à l’exemple de la Tchécoslovaquie scindée en douceur en 1993, on en arrive à détacher la Crimée de là où Khrouchtchev l’avait arrimée de force. Il faut l’espérer. Sinon, les Russes ne sont pas étrangers en Crimée, ce qui signifie que les Ukrainiens le sont. Et là, c’est Euripide qui a donné la réponse…