Les vingt-sept pays de l’Union européenne hors le Royaume-Uni s’apprêteraient, dit-on, à capituler devant les exigences du Premier ministre britannique, sous peine que celui-ci ne défende plus le maintien de son pays dans l’Union européenne. Et, parmi les exigences de Cameron, il y a, par exemple, celle de rester en dehors de la zone euro tout en ayant un droit de regard sur son fonctionnement. Et puis quoi encore ? serait-on tenté de dire. Pour grossière qu’elle soit, cette exigence n’a rien de nouveau. Elle n’est qu’un épisode du sabotage constant de la construction européenne que le Royaume-Uni a engagé il y a quarante-trois ans, lorsque la France de Georges Pompidou avait eu la mauvaise idée de laisser entrer le loup dans la bergerie.
Réforme de la constitution, piège à cons
Lorsque la nation est agressée, le peuple français a pour devoir de faire front, de se montrer d’une solidarité et d’un patriotisme sans faille. Mais unité, patriotisme, solidarité sont à la hauteur de nobles enjeux, pas à celle de combines politicardes dans la pure veine hollandesque.
Le texte du projet de révision constitutionnelle est désormais connu. Il envisage de modifier deux articles : l’article 36 relatif à l’état de siège qui serait complété d’un article 36-1 constitutionnalisant l’état d’urgence ; et l’article 34 qui stipulerait que « la loi fixe les règles concernant la nationalité, y compris les conditions dans lesquelles une personne née française qui détient une autre nationalité peut être déchue de la nationalité française lorsqu’elle est condamnée pour un crime constituant une atteinte grave à la vie de la nation ».
Le présent article 36 traite de l’état de siège mais pas de l’état d’urgence. Pourtant, depuis mi-novembre et jusqu’à fin février, la France est en état d’urgence sans qu’il y ait eu besoin d’une quelconque réforme constitutionnelle. Et le projet en cours confirme que la loi devra autoriser sa prolongation au-delà de douze jours, c’est déjà le cas. Comme disait le regretté Raymond Devos, [https://youtu.be/Td4pqnCCo0M] « quand je n’ai rien à dire, je veux qu’on le sache, qu’on en débatte ! »
Le mirage des « révolutions arabes »
Par Christian Vanneste, Président de La Droite Libre
Dans son numéro de samedi, « Libération » publiait sur une dizaine de pages des articles consacrés au triste bilan des « printemps arabes ». La pensée « bobo-gauchiste », gavée d’idéologie déguisée en « science humaine » et débordante de prétention, révèle cette aptitude ridicule à brandir des convictions « éclairées » et sûres d’elles-mêmes, après chacun des démentis que leur inflige une réalité évidemment réactionnaire, qu’il faudra bien exécuter un jour. Ainsi, le désastre général des prétendues révolutions ne doit pas désespérer la place Tahrir. Le mouvement n’a que cinq ans, c’est un bébé. Il n’a pas
Déni de réalité
Gérald PANDELON, avocat, professeur de droit et politologue, est membre du Bureau Politique de la Droite Libre.
Dans un article sur Atlantico intitulé:
6 défis majeurs pour la France largement délaissés par les partis traditionnels (et qui ne leur laissent que leurs yeux pour pleurer sur la hausse du FN), il donne une analyse aiguisée de la réaction des politiques faces aux problèmes majeurs de notre pays, principalement concernant la politique pénale.
François Hollande, lorsqu'il déclare dans Le Parisien vouloir "arracher" les électeurs au Front National, se comporte comme l'ensemble de la classe politique française depuis plus de 30 ans : incapable de s'attaquer à la réalité, celle-ci se contente de mettre en garde contre la "menace FN".
Politique pénale : quand les débats idéologiques masquent la réalité
Gérald PANDELON : Par essence, c'est même ce que l'on appelle vaguement aujourd'hui son "logiciel" et que le philosophe Heidegger aurait nommé l'ontologie, la gauche française, davantage que la droite qui le refuse volontairement par stratégie politique, éprouve des difficultés dans l’appréhension du réel.
En premier lieu, le réel, surtout s'il ne vient pas corroborer la version officielle ou la ligne du parti, est systématiquement révoqué en doute, ce qui constitue, à l'exception notable de M. Manuel VALLS, un a priori mental, et ce, même si ledit réflexe idéologique conduit le gouvernement à une crise importante de légitimité. Il en va ainsi de la perception du phénomène frontiste. Plutôt que de dire tout simplement la vérité, à savoir qu'il y a un lien évident entre la montée de l'insécurité et celle d'une immigration extra-communautaire qui n'est plus contrôlée, il apparaît préférable d'indiquer que les électeurs de Marine Le Pen seraient des "brebis égarées" ou des personnes sans doute exclusivement exclues socialement, même si la vérité est bien évidemment ailleurs.
Pour les thuriféraires de cette posture mentale, lorsque le réel (l’observation objective des faits) contredit l'idéologie (leur interprétation du monde) alors le réel a soudainement tort. En effet, non seulement le FN compte autant d'élites surdiplômés non seulement parmi ses rangs mais également parmi celles et ceux qui, encore aujourd'hui, votent secrètement pour ce mouvement ; mais, au surplus, l'électorat frontiste n'est pas davantage en rupture sociale que d'autres électorats ; il constitue majoritairement aujourd'hui une classe moyenne, au même titre que les électeurs du parti socialiste ou de l'UMP.
Cette disqualification aveugle n'est d'ailleurs que la marque de la faiblesse grandissante de ces deux partis qui, tantôt par réflexe idéologique, tantôt par stratégie volontaire, brandissent le spectre du FN par crainte tout simplement de perdre uniquement leur fonds de commerce puisqu'ils ne pensent plus mais ne font que panser les plaies de leurs mouvements en décomposition.
C'est ce que ressentent une part croissante de français qui s'aperçoivent massivement (certains l'avouent d'autres non) que la plupart des sujets importants (chômage, insécurité, terrorisme, immigration, fiscalité écrasante, question de l'indépendance de la France dans l'Union Européenne, etc), les partis institutionnels n'ont cessé et ne cessent de leur mentir.
Ce sont, disent-ils, les mêmes qui nous expliquent qu'il faut lutter contre "Daesh" (et non l'Etat islamique…) qui, par exemple, financent le parti islamique turc dans le cadre de l'aide de pré-adhésion à cet Etat octroyé par l'Union Européenne ; ce sont les mêmes qui considèrent que les impôts et charges sont écrasants et même confiscatoires qui, en réalité, ne font rien pour les baisser ; ce sont les mêmes qui nous expliquent "être à l'écoute du peuple" qui, dans les faits, in fine, le méprise, etc.
C'est ce décalage abyssal entre les mots et les actes qui a créé et fait prospérer le Front national.
En second lieu, et surtout pour le parti socialiste, il s’agit constamment de sacrifier la vérité à la théorie, fût-elle fumeuse, plutôt que d’accepter, même au prix d’un toilettage idéologique, et un peu d’honnêteté intellectuelle, qu'ils seraient dans l’erreur d’analyse et qu'ils auraient très largement sous-estimés les difficultés auxquelles notre pays est confronté.
Il faut travestir la vérité car on ne peut pas reconnaître son impuissance structurelle à agir. Prenons l'exemple du sempiternel mensonge pénal que constituent les discours concernant la délinquance. Sur ce sujet, l’analyse se heurte à une forme de discours-écran, qui s'inscrit à l’interface entre la réalité observée et les conclusions toujours édulcorées qui en sont tirées au nom d’un impératif idéologique. Il en va ainsi de l’idéologie fallacieuse du sentiment d’insécurité.
En effet, plutôt que de reconnaître que la réalité en Île-de-France et en PACA est celle d’une ultraviolence que l’on ne peut plus maîtriser, et dont les auteurs sont majoritairement issus d'une immigration extra-européenne (ce que reconnaissent curieusement en secret d'ailleurs tous les partis), par conséquent que la situation s'aggrave dramatiquement (encore deux assassinats dans les bouches-du-Rhône en quelques jours), il est désormais urgent et de bon ton prioritairement de manipuler les chiffres, donc les esprits, pour expliquer que, peu ou prou, la violence baisse, que les chiffres sont moins désastreux qu’il y a quelques années ; bref, in fine, que tout va bien.
Or, la réalité vécue par une part croissante de la population c'est précisément le contraire : ça ne va pas ou mieux ça ne va plus.
Sourds aux cris de désespoir de son électorat, il convient toujours de pacifier l’ordre social et politique par le prononcé de sempiternels discours lénifiants qui, pourtant, se heurtent à la réalité vécue au quotidien par une population croissante, en région PACA ou en Île-de-France.
Autrement dit, à rebours de ce que nous expliquent les sociologues et psychologues médiatisés, l’insécurité n’est pas un sentiment mais une réalité ; une réalité bien souvent cruelle ; celle vécue par des bijoutiers l'année dernière à Nice, celle subie par la moitié de la population marseillaise prise en otage par une multiplication d’actes d’incivilités qui leur pollue l’existence. C'est pourtant davantage le tabou sur des sujets sensibles qui a suscité et suscite un intérêt croissant pour les idées véhiculées par le front national qu'un quelconque penchant pour le racisme d'un électorat qui, très majoritairement, n'a rien de raciste mais qui érige tout simplement la réalité vécue et visible en réaction non pas condamnable mais parfaitement compréhensive et légitime.
D'ailleurs, il n'y a, d'une certaine manière, plus que le FN qui fasse encore de la politique puisque seul son discours repose sur une idéologie alors les autres partis, ayant abandonné le combat des idées, n'usent que d'arrangements institutionnels (utilisation, par exemple, récente de l'article 49-3 de la Constitution, dans le cadre du projet de loi Macron, pour une majorité fragilisée).
Enfin, peut-on considérer sérieusement que le chiffre de 33 % d'intentions de vote en faveur du parti de Marine Le Pen serait essentiellement le fait de personnes dépourvus d'humanité et d’empathie pour l'Autre ? A l'évidence, non.
La vérité c'est qu'il s'agit principalement d'excellents citoyens écœurés par le mensonge structurel et la lâcheté de nos gouvernants institutionnels.
Ce qui fait défaut, de façon dramatique, à mon sens, c'est une réelle légitimation du pouvoir majoritaire.
Gérald PANDELON, avocat, professeur de droit et politologue