Notre président brise les idoles socialistes. Pendant 50 ans le pays a vécu sous la doxa socialiste, même quand il était censé être dirigé par la droite. Nationalisation et redistribution ont été les deux mamelles de notre société. Est-ce fini ? Peut-on croire que l’intoxication se dissipera avant de nombreuses années ?
En définitive, peut-on croire les candidats aux fonctions suprêmes ? Hier M. Sarkozy, les bulletins en sa faveur étaient à peine décomptés, qu’il composait un gouvernement avec huit affidés de son adversaire. Certes, M. Hollande a pris le temps « d’essayer » pendant deux ans, mais ses amis n’en sont pas moins dupés aujourd’hui.
Ceci nous amène à une réflexion sur la fascination du pouvoir. Que désirent vraiment tous ceux qui prétendent vouloir sauver leur pays ? Malraux faisait dire à Gisors dans « La Condition humaine » : « Le pouvoir du roi, c’est de gouverner, Mais l’homme n’a pas envie de gouverner, il a envie de contraindre ». Observation inquiétante pour ceux qui sont nourris de la littérature des Encyclopédistes, mais observation partagée avec ceux qui répètent que le « pouvoir rend sot», ou « qu’il rend fou », « que le pouvoir d’ordonner provoque souvent l’incapacité de penser », « que le pouvoir absolu corrompt absolument»…
Evidemment, nous ne sommes pas en Corée du Nord et « nos systèmes peuvent survivre, lorsque les circonstances sont favorables, historiquement parlant, et lorsque le gâchis est amorti par des vastes ressources ».
Parfois l’ardent désir de pouvoir confine au burlesque. C’est l’information du jour, donnée par le Monde, qui nous a incité à écrire ce billet : « Hariri se dit prêt à former un gouvernement avec le Hezbollah ». Cela nous rappelle le sonnet de Georges Fourest ou la parodie du Cid d’Edmond Brua : « Dieu ! Soupire à part soi la plaintive Chimène / Qu’il est joli garçon l’assassin de Papa ! ».
Et vous voulez croire encore aux sauveurs ? Nous avions déjà rappelé que « l’on se fait élire comme le messie, on s’installe comme un monarque, et on gouverne… n’importe comment ». Ce n’est pas M. Hollande qui a dérogé à la règle.
Chronique d’une fin de régime annoncée
Rien n'y fait. (Par Philippe De Veulle, vice-président de La Droite Libre)
La crise politique, alimentée par la crise sociale, économique, financière et morale ne fait qu'accélérer le mécontentement populaire du pays. Mais au-delà de la catastrophe qui s'annonce, l'on s'aperçoit que c'est la Ve République, instituée en 1958 par le général de Gaulle, qui va s'effondrer.
En effet, hormis une classe politique plus que décevante, la cause remonte à la réforme constitutionnelle approuvée par le référendum de septembre 2000 instituant le quinquennat renouvelable une seule fois. Cette période s'alignant sur la durée du mandat législatif doit permettre d'éviter toute cohabitation. Ce verrou de sécurité institutionnel ne l'empêche en rien en
cas de vacances du poste du Président de la République ou en cas de dissolution permis par l'article 12 de la Constitution.
Cette période de cinq ans trop courte pour appliquer une véritable politique de grande ampleur et de réforme, est aujourd'hui devenue trop longue. Ce qui altère considérablement le principe même du suffrage universel, base de la légitimité même du président de la République.
Cette onction populaire, mise en place en 1962, est mis à mal aujourd'hui, car après un an et demi passé au pouvoir, le président de la République souffre de 85% d'opinion défavorable. Du jamais vu dans notre histoire politique contemporaine.
Maintenant, ce denier a le choix, soit de remanier le gouvernement ou bien de procéder à la dissolution, ce qui serait pour lui la parade constitutionnelle la plus protectrice pour son avenir politique.
Il n'en fera rien selon le cap qu'il s'est fixé jusqu'aux élections municipales et européennes et aussi en vertu du haut degré doctrinaire de l'équipe gouvernemental actuelle. Arrivera-t-il jusqu'à ce terme ? Que se passera-t-il donc? Si la colère populaire remonte chaque jour davantage et si l'esprit du bonnet rouge s'étend sur toute la France et de manière diffuse… Si les manifestations généralisées paralysent tout le pays…. Que fera, alors, François Hollande? Il ne pourra pas, certes, mettre tout le monde en garde à vue. Il devra offrir des options politiques qui seront dès lors trop tardives.
La chose qui est certaine, c'est qu'il sera le fossoyeur de la V République du général de Gaulle. L'histoire nous dira de quelle forme s'inspirera le prochain régime: Il sera, on l'espère citoyen et responsable… Il offrira une possibilité de voir aussi émerger une nouvelle classe politique pragmatique et responsable…
Philippe de Veulle
Les lendemains qui sifflent, les surlendemains qui pleurent
Hué, sifflé sur les Champs Elysées, Monsieur Hollande savait-il qu’il " y a une plus grande peine que de ne pas avoir ce dont on rêve, c'est de l'avoir obtenu." ?
Car l’exercice du pouvoir est chose difficile, probablement plus en France que dans les autres pays : une constitution monarchique, un système électoral qui, pour être efficace, laisse un quart des citoyens non représentés et donc destinés à nourrir la contestation, des syndicats peu représentatifs, mais dont on ne peut nier l’utilité (comment arrêter des grèves avec des multiples « coordinations » ?), un peuple frondeur, des populations allogènes, des doléances spécifiques….
Tout cela, les candidats le savent, mais leur premier souci est d’être élu, en se disant que le lendemain est un autre jour et, qu’avec un peu de chance – la reprise tant attendue, ou le « coup de pot » de M. Chirac –, ils pourront durer.
Malheureusement pour Monsieur Hollande, les évènements s’accélèrent, une crise de régime s’ouvre, le tocsin est sonné même par des socialistes comme M. Malek Boutih (mais n’a-t-il pas toujours été le plus sensé ?)
L’assemblée sera dissoute, car c’est toujours ainsi que les choses finissent dans un premier temps, et la droite, pour son malheur, reviendra, impuissante, dans ce champ de ruines entassées depuis plus de 30 ans. Les élus demanderont encore l’aide financière des contribuables des classes moyennes et celle des riches, s’il en reste encore. Séquence déjà connue, lors du bref passage de M. Juppé aux affaires en 1995. Ils abandonneront tout projet de réforme (en ont-ils seulement aujourd’hui ?), de crainte du retour du balancier trois ans plus tard, en tentant de nous persuader de la pertinence de cette passivité. Le plus important, n’est-il pas d’être élu ou réélu ?
Aucun ne cherche à laisser une marque flatteuse dans l’histoire. Il est peu probable que monsieur Hollande laisse la moindre marque, sauf si, comme Kerenski, il abandonne la place aux avatars français des bolcheviques. Il ne l’aura certes pas voulu, mais son irrésolution et l’impasse idéologique incorrigible des socialistes ainsi que celle de leurs affidés, font craindre que la révolte se termine en révolution.