Atlantico : L’insécurité et la criminalité sont au cœur de l’actualité médiatique. Face à la recrudescence des attaques au couteau, des home jackings et du harcèlement de rue, assiste-t-on à une panique morale ou à une vraie explosion de la violence ? À qui les doit-on ?
Thibault de Montbrial : Tous ces phénomènes ont un point commun : l’effondrement de l’autorité de l’Etat. Les chiffres montrent une accentuation de l’explosion de la violence comme mode de résolution des conflits en France. Le seuil de recours à la violence ne cesse de s’abaisser et l’intensité de la violence est en augmentation. La violence, toujours plus forte, est utilisée pour des motifs toujours plus anodins. Les derniers chiffres de 2023 sont, à cet égard, terrifiants puisqu’il y a une agression physique par minute et quatorze homicides ou tentatives par jour en France.
Les délinquants n’ont plus aucune crainte de l’appareil répressif français. Ils ne craignent pas la police, dont ils savent qu’elle est très entravée dans l’utilisation de la force. A cet égard, pour l’entraver plus encore, les plaintes se multiplient désormais contre de prétendues violences policières qui ont pour effet d’engluer régulièrement des policiers dans des enquêtes dont ils sortent le plus souvent blanchis. Mais le risque juridique aujourd’hui pèse sur les effectifs de police et joue un rôle dans la façon dont ils réagissent sur le terrain. Les voyous ne craignent plus la justice, dont le temps de réaction avant de condamner fermement les actes de violence est malheureusement le fruit d’une pensée qui résulte elle-même d’un conformisme qui puise ses racines dans les idées de la défense sociale nouvelle de la gauche au début des années 70. Le délinquant est excusable par nature; il n’est pas complètement responsable de ses actes car il est le produit de la société; dès lors, une partie de la faute incombe à la société et, avant de condamner fermement, il y aura des avertissements successifs sous formes de peines avec sursis. Cette bienveillance apparente est perçue comme de la faiblesse par les délinquants.