Ci-dessous l’interview par Atlantico de Gérald Pandelon, avocat à la cour pénale internationale, docteur en droit privé-sciences criminelles, docteur en sciences politiques, membre du Bureau de La Droite Libre
Atlantico : Alors que l’affaire Palmade s’étend dans les médias avec force détails certains, très précis, interrogent car ils relèvent normalement du secret de l’instruction et du secret de l’enquête. Comment se fait-il qu’ils soient si bafoués ?
Gérald Pandelon : Les secrets de l’enquête et de l’instruction sont régulièrement bafoués car par essence la justice pénale repose sur l’idéologie, donc sur davantage de subjectivité que d’objectivité. C’est un truisme que relevait déjà le philosophe Karl Marx lorsqu’il affirmait, à juste titre, que le droit n’était que la résultante d’un rapport de force et la justice qu’une affaire de classe. Cet élément est d’autant plus flagrant lorsque, par exemple, un journal comme Médiapart apparaît presque comme le bras armé de parquets spécialisés ; or, si les magistrats, souvent ceux appartenant au ministère public, peuvent assez fréquemment dans des affaires sensibles faire abstraction du secret de l’enquête en n’encourant jamais la moindre sanction, / je constate que d’autres auxiliaires de justice, notamment les avocats, qui pourraient se rendre coupables de la moindre erreur non intentionnelle relative à une éventuelle violation du secret professionnel se voient, eux, particulièrement malmenés par les mêmes parquetiers. Nous connaissons tous l’adage du philosophe Pascal : « Plaisante justice qu’une rivière borne, vérité en-deçà des Pyrénées, erreur au-delà… ». C’est un euphémisme que de constater que persiste dans notre système pénal inquisitoire un déséquilibre abyssal entre l’accusation et la défense. Autrement dit, si M. Palmade est effectivement un comédien très connu, cela ne justifie pas pour autant que les médias puissent bénéficier d’informations couvertes en théorie par le secret pour révéler ensuite avec plus ou moins de bonheur les détails d’une affaire pénale techniquement complexe sur les plateaux de télévision. Ce lien parquet-médias est en réalité nauséabond. J’observe en outre que lorsque des personnes moins médiatiques mais dont les casiers judiciaires sont infiniment plus chargés que celui de l’humoriste, ces derniers ne voient curieusement jamais leurs noms cités dans les médias. En d’autres termes, se nommer Pierre Palmade dont le casier judiciaire porte trace d’aucune condamnation permet paradoxalement à son encontre toutes les violations ; en revanche, disposer d’un nom à consonance différente avec un casier judiciaire particulièrement chargé vous prémunit presque automatiquement contre des atteintes systématiques à la présomption d’innocence. Qu’on l’accepte ou le déplore, il existe un certain nombre de choses particulièrement anormales et injustes dans notre royaume judiciaire.